Le ministre du Commerce international, Michael Fortier, a téléphoné mardi à son homologue américaine, Susan Schwab, afin de discuter des préoccupations de Washington au sujet de l'aide gouvernementale accordée à Bombardier (T.BBD.B) pour la future gamme d'avions CSeries.

Le ministre du Commerce international, Michael Fortier, a téléphoné mardi à son homologue américaine, Susan Schwab, afin de discuter des préoccupations de Washington au sujet de l'aide gouvernementale accordée à Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] pour la future gamme d'avions CSeries.

«Que les Américains posent des questions, je n'ai absolument pas d'objection: c'est leur droit de le faire», a déclaré le ministre au cours d'un entretien téléphonique accordé mardi à La Presse Canadienne depuis le Mexique, où il est en visite.

L'aide remboursable de 350 millions $ consentie par le gouvernement fédéral à Bombardier pour le développement de sa nouvelle famille d'avions de 110 à 149 places est conforme aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a martelé M. Fortier.

«Le Canada n'aurait pas avancé un sou dans le contexte où l'aide financière n'aurait pas respecté toutes les modalités requises par l'OMC», a-t-il affirmé.

Lundi, une porte-parole de Mme Schwab a indiqué que Washington avait l'intention de scruter à la loupe le soutien financier qu'Ottawa, Québec, Belfast et Londres ont promis d'apporter à la multinationale montréalaise pour la CSeries, qui doit entrer en service en 2013. Les règles de l'OMC interdisent de se servir d'aides gouvernementales pour favoriser indûment une entreprise.

Le ministre Fortier a fait valoir que dans le domaine du commerce international, la démarche américaine n'avait rien d'exceptionnel. Il s'est toutefois étonné que Susan Schwab n'ait pas soulevé la question en marge des travaux de l'OMC, le mois dernier en Suisse.

«J'ai été à Genève avec elle pendant douze jours et elle ne m'en a jamais parlé, a souligné Michael Fortier. Je me dis que si elle avait eu des préoccupations, elle en aurait profité puisqu'on a eu une très longue rencontre bilatérale et plusieurs entretiens informels. Je me dis qu'elle aurait pris le temps de me prévenir. Je ne suis donc pas particulièrement inquiet.»

En téléphonant à Mme Schwab, M. Fortier s'attendait donc à ce que la représentante américaine lui explique ses «craintes». «J'espère (avoir pu) la rassurer», a-t-il expliqué.

Le ministre a néanmoins convenu qu'il ne pouvait pas empêcher Washington de déposer une plainte officielle auprès de l'OMC. Il a par ailleurs indiqué que l'Union européenne n'avait pas encore posé de questions au sujet de l'aide canadienne à Bombardier, du moins pas à sa connaissance.

Tournée latino-américaine

De passage à Mexico, Michael Fortier tente de resserrer les liens entre le Mexique et le Canada.

«Malgré l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), on a tendance à s'oublier comme partenaires commerciaux», a-t-il fait remarquer. Le Mexique vient de lancer un vaste programme d'infrastructure de plusieurs dizaines de milliards de dollars qui pourrait intéresser des entreprises canadiennes.

M. Fortier se rendra par la suite au Panama, où l'agrandissement du canal du même nom ouvre d'autres possibilités commerciales. Des entreprises canadiennes ont déjà obtenu des contrats à cet égard et d'autres sont en lice. Le ministre terminera sa tournée en Équateur, où il rencontrera le président Rafael Correa.

À l'instar d'autres pays, le Canada entend multiplier la négociation d'accords commerciaux bilatéraux dans la foulée de l'échec des pourparlers de l'OMC, le mois dernier. Ottawa cible les pays d'Amérique latine et l'Union européenne. Les négociations officielles avec l'Europe pourraient être lancées en octobre à Montréal.

Le ministre Fortier espère néanmoins que les discussions pourront reprendre en septembre à l'OMC en vue de la conclusion d'un accord multilatéral.