Les transporteurs aériens traversent une période difficile en Europe, où faillites et fusions risquent de se multiplier en raison de la récession et des contrecoups de la crise financière.

Les transporteurs aériens traversent une période difficile en Europe, où faillites et fusions risquent de se multiplier en raison de la récession et des contrecoups de la crise financière.

Les difficultés des entreprises du secteur sont symbolisées par le transporteur italien Alitalia, dont les actifs doivent être récupérés sous peu par un groupe d'industriels italiens intervenant à la demande du premier ministre Silvio Berlusconi.

Durant la campagne électorale du printemps 2008, le flamboyant politicien avait mis le holà au projet de rachat de l'entreprise par le consortium franco-hollandais Air-France-KLM. Il devrait malgré tout prendre une participation de 20% dans le nouveau transporteur issu de la réorganisation.

Les milliers de mises à pied prévus par les repreneurs, réunis au sein de la Compania aerea italiana (CAI), suscitent l'ire des syndicats, qui multiplient les grèves, précipitant la méfiance des consommateurs envers Alitalia. Une centaine de vols ont dû être annulés mardi à Rome en raison d'un débrayage des pilotes.

La performance des grands transporteurs aériens a été particulièrement affectée par la flambée du coût du fuel, qui représente aujourd'hui environ le tiers des coûts d'opération. La baisse du prix du pétrole des derniers mois donne un répit, mais il risque d'être de courte durée.

L'impact du coût de l'énergie est encore plus déterminant pour les transporteurs à rabais, qui se sont multipliés au cours de la dernière décennie sur le continent.

Certains transporteurs, comme Vueling ou EasyJet, très bien implantés, ont annoncé qu'ils entendaient abandonner certains trajets devenus insolvables. Ryanair a aussi annoncé de son côté qu'il garderait certains avions au sol dans les mois qui viennent.

La crise actuelle devrait, selon les analystes, précipiter une ronde d'acquisitions dans un marché qui demeure très segmenté.

Ces regroupements tardent cependant à se manifester, notamment en raison de l'opposition des États, réticents à céder du terrain dans le secteur. Les coups de frein gouvernementaux retardent notamment la création d'un espace aérien ouvert pour le continent, que l'Union européenne souhaite réaliser pour 2012.

30 fermetures

Les difficultés des transporteurs européens reflètent les difficultés mondiales du secteur, frappé par la fermeture de près d'une trentaine d'entreprises depuis le début de l'année.

Morgan Stanley, qui décommandait récemment d'investir dans le transport aérien, estime que «l'industrie est davantage menacée» que ne le laisse penser les valorisations boursières des grandes compagnies.

Les misères des transporteurs aériens n'ont pas encore eu d'effet déterminant sur le bilan des grands fabricants d'avions, même si les annulations de commande se multiplient depuis quelques mois.

Le géant franco-allemand EADS a dégagé un résultat net de 1,08 milliards d'euros au 30 septembre, contre une perte de 705 millions pour la même période l'année dernière. L'entreprise prévoit livrer dans l'année plus de 470 avions, ce qui lui permettra de générer un chiffre d'affaires supérieur à 40 milliards d'euros.

Ces bons résultats ne l'empêchent pas d'aller de l'avant avec un ambitieux plan de restructuration, dit «Power 8», qui prévoit la suppression à terme de 10 000 emplois et la délocalisation d'une partie de ses capacités de production.