Moody's a envoyé une sérieuse charge de plomb dans l'aile de Mecachrome (T.MCH) International en réduisant de deux crans sa cote de solvabilité.

Moody's a envoyé une sérieuse charge de plomb dans l'aile de Mecachrome [[|ticker sym='T.MCH'|]] International en réduisant de deux crans sa cote de solvabilité.

Résultat, l'action du fabricant de composants pour l'industrie aéronautique a piqué du nez hier à la Bourse de Toronto, perdant plus de 11 % de sa valeur pour clôturer à 1,22 $.

Depuis son entrée en Bourse à 14 $ en octobre dernier, le titre de l'entreprise n'a cessé de perdre de l'altitude. Les mauvaises nouvelles se sont succédées au cours des derniers mois, avec la divulgation de pertes importantes et la nécessité d'apporter un changement draconien à la tête de l'entreprise.

Mecachrome, qui a annoncé d'importantes mises à pied dans ses usines françaises en mai dernier, étudie maintenant les moyens de réduire ses coûts dans ses installations au Québec. Elle pourrait également vendre certains de ses actifs.

Hier, Moody's a annoncé qu'elle faisait passer la cote de solvabilité de Mecachrome de B2 à Caa1. Dans un communiqué, l'agence a justifié sa décision par la situation précaire du fonds de roulement de l'entreprise.

«Nous nous attendons à ce que Mecachrome continue à utiliser ses liquidités au moins jusqu'en 2009 alors que des délais dans d'importants programmes aéronautiques contribueront à un manque à gagner», a fait savoir Darren Kirk, analyste de Moody's.

Il y a un mois, la direction de Mecachrome a indiqué que ses prêteurs avaient accepté de modifier certaines conditions de son entente de crédit de façon à ce qu'elle conserve l'accès à sa facilité de crédit renouvelable.

Moody's a indiqué hier que ces modifications accorderont une certaine souplesse à l'entreprise pour la fin de l'exercice, mais que ce ne sera pas suffisant pour le prochain exercice et qu'il faudra apporter des modifications supplémentaires. Pour cette raison, la firme de cotation a placé une perspective négative à la cote de Mecachrome.

L'entreprise a divulgué tard mardi des résultats plutôt décevants pour le deuxième trimestre: une perte nette de 4,9 millions d'euros (7,7 millions CAN), comparativement à un bénéfice net de 1,4 million d'euros (2,2 millions CAN) pour la même période de l'exercice précédent.

Les revenus n'ont pratiquement pas augmenté.

Délais coûteux

La direction de Mecachrome a notamment attribué ces résultats aux délais des grands programmes comme l'Airbus A380, l'Airbus A400M et le Boeing 787. Dans certains cas, on parle de reports de production de deux ans.

Ces délais ont mis à mal le fonds de roulement de l'entreprise parce que celle-ci avait fait des investissements dans le cadre de programmes de partage de risques avec les avionneurs.

«Ces délais nous ont amené à prendre des contrats de fabrication compensatoire, ce qui a nécessité de nouveaux équipements, de la nouvelle programmation et de la formation, donc, de nouvelles dépenses», a déclaré le nouveau grand patron de Mecachrome, Gérard Casella, au cours d'un appel conférence destiné aux analystes financiers mercredi matin.

Il a ajouté que l'implantation de Mecachrome au Canada avait été plus longue que prévu et que la division automobile de l'entreprise avait subi des impacts négatifs à la suite du gel imposé dans la conception de nouveaux moteurs de Formule 1.

En juillet dernier, Mecachrome a annoncé le départ immédiat de son président et chef de la direction, Guillaume Casella, pour lui permettre de «poursuivre d'autres intérêts en Europe».

Ce n'est que mardi dernier que l'entreprise a nommé à sa place son père, Gérard Casella, qui était jusqu'alors président du conseil d'administration.

«Mon objectif est de ramener le groupe le plus rapidement possible à la rentabilité et de reprendre le chemin de la croissance», a déclaré Gérard Casella aux analystes mercredi matin, faisant valoir qu'il avait réussi à piloter son entreprise dans deux crises semblables, en 1991 et en 2001.

Il a indiqué que Mecachrome avait entrepris une revue complète de ses activités afin d'évaluer les «alternatives du groupe pour réduire ses coûts opérationnels et financiers et améliorer sa liquidité».

Il n'a pas voulu donner de détails sur les options qui pourraient être considérées, mais la vente d'actifs semble en faire partie.

«Aujourd'hui, nous n'avons aucune proposition, nous n'avons aucun contrat mis en route, mais s'il y a une solution proposée, nous allons la considérer et voir si elle correspond à notre plan», a-t-il déclaré.