La crise de la tomate américaine a fait bondir le prix de la tomate québécoise. Depuis deux semaines, les consommateurs doivent payer de 10% à 25% de plus pour leurs tomates de serre.

La crise de la tomate américaine a fait bondir le prix de la tomate québécoise. Depuis deux semaines, les consommateurs doivent payer de 10% à 25% de plus pour leurs tomates de serre.

La contamination à la salmonelle des tomates américaines a créé une plus forte demande pour les tomates d'ici.

«La demande pour nos produits est en hausse, mais on ne peut pas produire plus», explique Marie Gosselin, de Savoura. Logique: contrairement aux producteurs de légumes-racines qui entreposent leurs récoltes durant des mois, les maraîchers qui cultivent des tomates gèrent à la semaine leur production. Et la planifient des mois à l'avance.

«J'aimerais bien avoir le double de tomates aujourd'hui. Je les vendrais toutes», admet Jacques Demers, des Productions horticoles Demers, à Saint-Nicolas, au sud de Québec.

Heureusement, ce triste épisode s'est produit au printemps, au moment où les périodes d'ensoleillement augmentent et les plants produisent davantage.

Le seuil de 2006

Mais comme le prix était assez bas cette année, l'augmentation soudaine n'est même pas suffisante pour revenir au seuil de 2006.

«Notre prix était de 30% à 40% plus bas qu'il y a deux ans (avant l'épisode de la salmonelle)», explique Marie Gosselin.

Les temps sont durs pour les producteurs de légumes de serre, qui doivent composer avec la hausse des prix des combustibles et des fertilisants.

De plus, en temps normal, la concurrence est forte avec les tomates de champ mexicaines et américaines dans les supermarchés québécois. «Présentement, on ne fait que récupérer un peu ce qu'on avait perdu depuis trois ans, dit Jacques Demers. Mais la hausse des prix depuis 10 jours ne couvrira pas toutes les autres augmentations dans les coûts de production.»

Selon lui, le prix restera haut tant que la demande pour la tomate de serre québécoise sera soutenue et jusqu'à ce que la saison des tomates de champ commence au Québec, en août.

Nouveaux acheteurs potentiels

La situation est semblable partout au Canada. L'Ontario produit beaucoup pour l'exportation vers les États-Unis. En Colombie-Britannique, l'exportation part surtout vers l'Ouest américain qui a moins vécu la crise puisque la Californie, important producteur, ne se trouve pas sur la liste noire des États à risque.

Mais les producteurs font face aux mêmes contraintes. En agriculture, si la demande peut augmenter soudainement, la production, elle, ne peut pas.

De plus, la tomate de serre canadienne ne se compare pas à la tomate de champ du Sud des États-Unis ou du Mexique. Son prix est au moins trois fois plus élevé et se transige maintenant avec un dollar canadien fort.

Et un nouvel acheteur lointain qui veut soudainement s'en procurer devrait aussi payer le transport, dont le coût augmente chaque semaine.

L'épidémie aura peut-être, malgré cela, amené des clients aux producteurs québécois. Autant chez Savoura qu'aux Productions horticoles Demers, on a de nouveaux noms dans la banque des clients potentiels, pour les prochaines récoltes.

Selon Jacques Demers, dans toute cette histoire, la tomate québécoise sort grande gagnante. Elle a brillé par sa salubrité au moment où l'on mettait en cause les méthodes de certaines énormes fermes américaines qui produisent à moindres coûts. «On a marqué des points, dit-il. Nous comptons, à court et moyen terme, accroître la production.»

Tom Demma, de l'Association des producteurs de serre de la Colombie-Britannique, se méfie plutôt de ces acheteurs soudains. «Il faut faire très attention, dit-il. C'est possible que ça ne soit que circonstanciel et qu'ils ne soient plus intéressés quand les tomates américaines et les autres vont revenir sur le marché.»

La crise de la tomate n'est pas terminée aux États-Unis. La Food and Drug Administration, qui assure l'innocuité alimentaire des voisins, a avoué la semaine dernière qu'elle n'arrivait pas à trouver l'origine exacte de la contamination.

La liste des États hors de tout risque est toutefois plus fournie et précise, ce qui a amené certaines chaînes alimentaires, dont Subway et McDonald's, à réhabiliter la tomate tranchée.

Les premiers cas de contamination sont apparus en mai, aux États-Unis. La salmonelle saintpaul, une forme de salmonelle plus rare, mais pas plus virulente, a envoyé 48 personnes à l'hôpital et en a rendu presque 400 malades. Aucun cas n'a été répertorié au Canada.