Les soubresauts du marché du crédit ont poussé les États-Unis au bord de la récession et pourrait faire basculer certaines des plus grandes banques américaines, croit l'ex-économiste en chef du Fonds monétaire international, Kenneth Rogoff.

Les soubresauts du marché du crédit ont poussé les États-Unis au bord de la récession et pourrait faire basculer certaines des plus grandes banques américaines, croit l'ex-économiste en chef du Fonds monétaire international, Kenneth Rogoff.

«Le pire est encore à venir aux États-Unis, a confié hier M. Rogoff au cours d'un entretien à Singapour. Le secteur financier a besoin d'une sérieuse cure minceur. Je ne crois pas que la faillite d'une poignée de petites et moyennes banques suffira à régler le problème.»

L'effondrement du marché résidentiel aux États-Unis s'est soldé par des pertes de 500 milliards US pour les banques de la planète et a provoqué la chute et la vente de Bear Stearns, la cinquième maison de courtage en importance aux États-Unis.

M. Rogoff a dit croire que le gouvernement devrait nationaliser Fannie Mae [[|ticker sym='FAE'|]] and Freddie Mac [[|ticker sym='FRE'|]], les deux principales sociétés de refinancement hypothécaire du pays dont la valeur boursière a dégringolé de plus de 80% cette année.

Fannie Mac et Freddie Mae «auraient dû fermer boutique il y a 10 ans», a-t-il dit. «Il faut les nationaliser, ceux qui y détiennent des capitaux devraient les perdre. Nous devrions probablement garantir les titres obligataires, simplement parce que le gouvernement américain a donné à penser à tout le monde qu'il les garantissait.»

Les prêteurs hypothécaires enregistrent des défauts de paiement records et des pertes grandissantes. Le titre de Fannie Mae a reculé de 19% lundi sur les marchés boursiers, les investisseurs craignant que les sociétés à charte gouvernementale ne soient pas en mesure de trouver les capitaux nécessaires pour combler leurs pertes. Lundi, Freddie Mac est tombé à son plus bas depuis janvier 1991 après un plongeon de 25%.

En juillet, les banques ont saisi presque trois fois plus de maisons aux États-Unis que l'année précédente et le nombre de propriétés susceptibles d'être saisies a bondi de 55%, selon l'agence immobilière en ligne Irvine.

Au cours d'un colloque hier à Singapour, M. Rogoff a déclaré que la crise du crédit risque de s'aggraver et d'emporter une grande banque.

«Comme c'est le cas dans toute industrie en perte de vitesse, nous allons voir disparaître quelques importants acteurs, a dit M. Rogoff, tout en refusant de révéler les noms qu'il avait en tête. Il y aura une consolidation même au sein des principales banques d'affaires.»

La première économie de la planète est déjà en récession et le marché résidentiel n'a pas fini de se détériorer, a dit M. Rogoff. Le ralentissement aux États-Unis se poursuivra durant le second semestre de l'année prochaine, a-t-il ajouté.