En septembre 2005, Alain Bouchard n'était pas prêt à faire une grande acquisition.

En septembre 2005, Alain Bouchard n'était pas prêt à faire une grande acquisition.

«On a regardé quelques dossiers, mais c'est vraiment trop cher», nous avait-il dit en entrevue.

À l'époque, le grand patron de d'Alimentation Couche-Tard [[|ticker sym='T.ATD.B'|]] avait quand même esquissé son plan de match: attendre un ralentissement économique et profiter d'une baisse de prix pour mettre la main sur un important réseau.

Presque deux ans et demi plus tard, alors que l'économie américaine flirte avec la récession, est-ce le temps de passer à l'attaque?

«Je ne veux pas créer d'attentes mais nous sommes prêts si une occasion se présente, dit-il. Le marché arrive dans un creux et c'est cette année que ça risque de se faire.»

Au fil des années, Couche-Tard a réussi de grandes acquisitions des deux côtés de la frontière.

Au Canada, elle a mis la main sur la chaîne de dépanneurs Silcorp (980 magasins), puis elle a avalé les américaines Johnson Oil (225), Dairy Mart (287) et Circle-K (1663).

L'entreprise a les moyens de faire un achat d'un milliard sans avoir besoin d'émettre de nouvelles actions.

«On peut même faire une transaction de 1,5 milliard si on vend des immeubles», ajoute le dirigeant.

Cela dit, Couche-Tard se prépare à faire de plus petits achats.

«J'ai dit aux actionnaires qu'on allait acheter 200-300 magasins lors de notre exercice 2007-2008, rappelle-t-il. J'ai plusieurs dossiers devant moi et à quelques mois de notre fin d'année (fin avril) je pense être en mesure de livrer la commande.»

Les cibles étudiées possèdent toutes des stations d'essence. La plupart des entreprises sont américaines.«On parle d'une à trois transactions», souligne Alain Bouchard.

À quoi s'attendre en 2008?

«Les fondamentaux font en sorte qu'on devrait avoir une bonne croissance des ventes comparables. Les marges de profits des marchandises devraient suivre.»

«Par contre, il risque d'y avoir des pressions sur les magasins traditionnels (les 40% des dépanneurs du groupe qui n'ont pas été rénovés). Pour eux, il faut faire des sacrifices au niveau des marges pour protéger nos parts de marché.»

«Je pense qu'on devrait quand même livrer une bonne année. Les actionnaires patients seront récompensés.»

L'impact de l'essence

«L'essence c'est un naturel pour nous. Le jumelage essence/alimentation a amené une belle évolution pour nos commerces. Ça va se poursuivre.»

«La grande difficulté c'est que le marché de l'essence a constamment rétréci les marges des détaillants depuis 10 ans, tant au Canada qu'aux États-Unis. On est au bout de la ligne et on n'a aucun contrôle sur les prix. Connaissez-vous un produit, autre que l'essence, qui est affiché aux coins des rues et qui change ses prix à tous les jours?»

«Les grandes pétrolières possèdent de moins en moins de stations. On va en acheter parce que le marché est en train de se stabiliser. En plus, les stations-services créent de l'achalandage pour nos magasins et nos ventes moyennes d'essence augmentent de façon fulgurante.»

Du côté de l'international

«Nos gens sont confiants de signer dans un autre pays d'Asie au cours de l'année. On est déjà présents à Hong-Kong et en Chine (380 magasins), en Indonésie (100), au Mexique (70) et à Guam (15). Ça vient de la transaction de Circle-K.»

«Ils payent des redevances et des frais de licences. Il y a aussi 3000 dépanneurs au Japon mais ils ne nous rapportent rien parce qu'ils ont acheté les droits à Circle-K il y a des années. Mais on échange de l'information avec eux.»