Si 2007 a été une année record au niveau de l'occupation pour les compagnies aériennes canadiennes, 2008 risque d'être plus turbulente.

Si 2007 a été une année record au niveau de l'occupation pour les compagnies aériennes canadiennes, 2008 risque d'être plus turbulente.

Car au bout de la piste, plusieurs nébuleuses se pointent dont une possible récession américaine et un baril de pétrole qui caracole.

Pour Jacques Roy, professeur à HEC Montréal, l'industrie aérienne risque fort de payer les frais d'une économie nord-américaine au ralenti.

«Les compagnies aériennes dépendent beaucoup de l'économie. Alors si on croit à un ralentissement, on peut penser que l'industrie aérienne sera affectée», dit-il.

D'autant plus, souligne M. Roy, que le marché américain génère environ le tiers du trafic mondial.

Avec un voisin handicapé, le Canada serait touché par le ralentissement en raison de la fréquence des voyages transfrontaliers entre les deux pays.

D'ailleurs, il n'y a pas que les spécialistes qui s'inquiètent de la situation. Le marché et les investisseurs se posent également plusieurs questions. Les titres de compagnies aériennes sont extrêmement volatils depuis quelques semaines, voire quelques mois.

Au premier rang, Air Canada [[|ticker sym='T.AC.B'|]] connaît une sale semaine. La première compagnie aérienne au pays a vu son titre chuter de 20% depuis lundi. Encore plus inquiétant, l'action se retrouvait vers 20$ en février dernier alors qu'elle pointait à 9,33$ à la clôture, en baisse de 6%, vendredi.

Du côté de WestJet [[|ticker sym='T.WJA'|]] , le titre se retrouvait en haut des 23$ en décembre dernier alors qu'il a amorcé une irrésistible descente depuis quelques semaines. À la Bourse de Toronto, l'action de WestJet a terminé sa journée à 17,50$, en baisse de 3%, vendredi.

Malgré la glissade, Jacques Kavafian, analyste à Research Capital, croit plutôt que les titres de compagnies aériennes canadiennes sont intéressants pour les investisseurs.

«Il y a une perception d'une récession américaine, mais nous n'y croyons pas», assure-t-il.

Selon lui, l'industrie demeure forte.

«Le prix des billets est bas et le trafic demeure important. C'est plutôt la mauvaise perception du marché qui fait chuter les titres», dit-il.

Pour Air Canada, M. Kavafian accorde un cours de cible de 14,75$. Pour WestJet, la cible atteint 28,50$. Inutile de le dire, selon l'analyste de Research Capital, les deux titres sont alléchants à l'achat.

Par contre, d'autres facteurs pourraient venir jouer dans la balance comme le prix du pétrole. Mais selon M. Kavafian, c'est la flotte vieillissante américaine – donc qui consomme plus – qui payera le plus cher la hausse des coûts du baril de pétrole.

«Environ 800 avions sur 6 800 doivent être changés aux États-Unis. Au Canada, la flotte est beaucoup plus récente», dit-il.

Chez Air Canada, l'essence demeure toutefois le premier poste de dépense. À chaque hausse d'un dollar du prix du brut, les dépenses en essence grimpent de 28 M$ annuellement.

Pour ce qui est de la compétition entre Air Canada et WestJet, l'analyste et le professeur semblent en accord. Il y a de place pour les deux joueurs.

«C'est un duopole qui se porte bien. C'est un mariage assez heureux pour l'instant. Il faut dire qu'à deux, la concurrence est moins féroce», assure Jacques Roy.

«Ca va bien pour les deux, la demande demeure extrêmement forte», ajoute M. Kavafian.

Toutefois, avec l'ajout d'appareils pour l'année 2008, l'offre des deux transporteurs majeurs risque de dépasser la demande et d'affecter les compagnies.

Selon l'analyste David Newman de la Financière Banque Nationale, la situation ne risque pas de trop se corser, mais il avoue que le ciel est plus sombre qu'en 2007.

«Il y a plus d'inquiétudes à l'horizon que l'année dernière», assure-t-il.