1,02$, 83 cents, 95 cents américains. Si le huard nous a donné le vertige cette année, il va nous étourdir l'an prochain et en 2009.

1,02$, 83 cents, 95 cents américains. Si le huard nous a donné le vertige cette année, il va nous étourdir l'an prochain et en 2009.

Même si le billet vert n'a pas fini sa désescalade, il paraît nettement sous-évalué face à la monnaie canadienne, croit Hans Redeker, chef stratège marchés fixes mondiaux chez BNP Paribas.

«Le dollar canadien est dramatiquement surévalué par rapport au billet vert, mais il paraît une aubaine face au yen», explique-t-il dans le document de ses prévisions financières mondiales qu'il est venu présenter au Canada cette semaine.

«À long terme, il devrait se négocier aux environs de 94 cents américains. Les Canadiens devront s'habituer à vivre avec une monnaie forte», précise-t-il en entrevue à La Presse Affaires.

L'euro, de son côté, n'est pas au bout de sa montée, au point où il faudra sans doute plus d'un dollar américain et demi pour en acheter un, quelque part l'an prochain.

La résolution de la présente crise des liquidités provoquera beaucoup de nervosité sur les marchés monétaires. Dans ces conditions, les fluctuations trimestrielles resteront prononcées tant que les grands déséquilibres mondiaux n'auront pas été quelque peu aplanis.

«Les autorités américaines suggèrent aux autres pays occidentaux que le billet vert doit faiblir pour aider les États-Unis à sortir de bourbier actuel, poursuit-il. Ils veulent partager le fardeau de la faiblesse de leur économie, tout comme ils ont partagé sa force en 2004 et 2005.»

Les monnaies d'Asie devront surtout s'apprécier, tout comme celles des pays membres de l'OPEP dont le boom économique attise l'inflation.

Les puissances pétrolières du Proche-Orient vont trouver de plus en plus intenable la parité fixe de leur monnaie avec le billet vert alors qu'elles doivent conduire des politiques monétaires à l'opposé de celle des États-Unis.

Le billet vert souffrira des baisses du taux directeur de la Réserve fédérale qui voudra injecter des liquidités pour relancer l'économie américaine.

La crise du marché de l'habitation paraît bien loin d'être résorbée, comme en font foi les dernières données sur les mises en chantier. En septembre, elles étaient les plus faibles en 13 ans.

Le Canada profitera de l'Asie

L'affaiblissement du dollar américain va créer un choc sur le marché obligataire. Comme les États-Unis doivent emprunter à l'étranger pour financer leurs déficits, ils devront attirer les investisseurs en offrant de meilleurs rendements.

La courbe des écarts entre les échéances courtes et longues va se redresser dramatiquement pour revenir à la normale.

Le crédit sera plus cher, les institutions financières pourront plus difficilement refiler leurs prêts à risques aux investisseurs sous formes de produits dérivés.

Tôt ou tard cela va entacher leur bilan. «Après un choc obligataire, une correction boursière devrait suivre, plus tard au cours de l'an prochain», prédit M. Redeker.

Par bonheur, les puissantes émergentes d'Asie devraient continuer de remplacer les États-Unis comme moteur de la l'expansion mondiale.

En développant leur marché intérieur grâce au meilleur pouvoir d'achat de leur monnaie plus forte, elles pourront moins exporter des marchandises dont les prix diminuent. Bref, l'inflation rodera à nouveau dans les économies occidentales.

Certaines s'en tireront mieux que d'autres. Le Canada notamment qui profitera des bons prix de l'énergie et des commodités, malgré sa très forte relation économique avec les États-Unis.

«La performance de l'Asie sera déterminante pour le Canada. Son commerce repose de plus en plus sur l'énergie et les produits de base. Voilà pourquoi, un ralentissement de l'économie américaine le touchera moins qu'au cours des cycles précédents où le Canada exportait surtout des autos et du bois d'oeuvre. Le Canada figure parmi les gagnants de la mondialisation», juge M. Redeker.

Comme tous les autres observateurs, il note aussi que les manufacturiers souffriront cependant de la surévaluation du huard et du ralentissement américain.

«Mais les fondamentaux du Canada restent solides. Ses exportations augmentent plus vite que celles des États-Unis. Le ralentissement américain ne l'a pas encore vraiment frappé», observe-t-il.