TQS et Télé-Québec. Deux réseaux qui sont aux antipodes dans l'univers télévisuel québécois. Et pourtant, Remstar citera Télé-Québec en exemple afin de convaincre le CRTC d'approuver la vente de TQS.

TQS et Télé-Québec. Deux réseaux qui sont aux antipodes dans l'univers télévisuel québécois. Et pourtant, Remstar citera Télé-Québec en exemple afin de convaincre le CRTC d'approuver la vente de TQS.

Au contraire des autres réseaux généralistes, TQS ne veut plus présenter de bulletins d'information. Son futur acquéreur Remstar propose plutôt de faire de l'information basée sur «l'analyse, le commentaire et l'interprétation de nouvelles brutes» ainsi que le «dialogue avec les citoyens», peut-on lire dans le mémoire de TQS qui sera présenté au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) lundi prochain.

TQS estime qu'il est possible d'informer ses téléspectateurs sans pour autant diffuser des bulletins d'information. À cet égard, il cite en exemple Télé-Québec. «Bien que ce réseau () ne diffuse pas de bulletins d'information, il présente une gamme d'émissions d'entrevues ou de débat, de documentaires et de magazines d'analyse et interprétation (...)», écrit TQS.

Le Mouton noir omet cependant un détail important: Télé-Québec possède une licence de télévision éducative et culturelle, et non pas une licence de télévision généraliste comme TQS. «Nous avons un statut de télévision éducative et culturelle, dit Carole Asselin, porte-parole de Télé-Québec. C'est différent d'un réseau généraliste.»

En plus des exigences du CRTC, Télé-Québec doit respecter plusieurs lois québécoises, dont la Loi sur la programmation éducative.

Devant le CRTC, TQS soutiendra que la présentation de bulletins d'information à l'antenne des télévisions généralistes relève d'une tradition et non d'une obligation. «Aujourd'hui, la nouvelle brute (...) circule à très grande vitesse et est accessible quasi instantanément sur une multitude de plates-formes (...) Cela est particulièrement manifeste auprès de l'auditoire cible 18-49 ans (...) que TQS cherche à rejoindre», peut-on lire dans le mémoire de TQS.

TQS invoquera aussi son statut relativement modeste à l'échelle télévisuelle canadienne. Selon l'entreprise, le CRTC a reconnu l'importance d'accorder plus de flexibilité aux petits réseaux de télévision dans une décision datant de 1999.

Dans le mémoire de TQS, le président par intérim Serge Bellerose déplore les interventions des syndicats des employés, qui s'opposent à la transaction avec Remstar. L'entreprise invite plutôt les syndicats, qui se plaignent du phénomène de la concentration des médias, à «considérer» l'arrivée d'un nouvel acteur, Remstar, dans l'univers médiatique québécois.

TQS admet toutefois mériter une partie des critiques syndicales. «Cette opposition est souvent fondée sur un malentendu (...) nous sommes en bonne partie responsables de ces malentendus (...) (car) nos intentions n'ont pas toujours été exprimées avec toute la clarté nécessaire», écrit TQS.

Le PDG par intérim de TQS, Serge Bellerose, n'a pas voulu répondre aux questions de La Presse Affaires. «Les détails de notre plan vont être connus lundi devant le CRTC», dit Claude Deraîche, porte-parole de TQS.

Les audiences sur la vente de TQS auront lieu lundi à Montréal et mardi à Québec. En plus de la direction de TQS et de Remstar, 24 intervenants prendront la parole devant le CRTC afin de faire valoir leurs arguments.

Remstar entend licencier 270 employés avec la fin de ses bulletins d'information en septembre. Le président du CRTC, Konrad von Finckenstein, et les conseillers Michel Arpin, ancien cadre chez Astral Media, et Michel Morin, ancien journaliste à la télévision de Radio-Canada, devraient rendre leur décision à la fin de juin.