Le recyclage est à la mode. C'est vrai aussi pour de bons vieux biréacteurs régionaux CRJ de Bombardier (T.BBD.B) qui, délaissés par des transporteurs en difficulté, se recyclent en luxueux avions d'affaires dotés du dernier chic en matière de décoration intérieure.

Le recyclage est à la mode. C'est vrai aussi pour de bons vieux biréacteurs régionaux CRJ de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] qui, délaissés par des transporteurs en difficulté, se recyclent en luxueux avions d'affaires dotés du dernier chic en matière de décoration intérieure.

«L'attrait du CRJ, c'est le prix, indique le président de la société montréalaise Aerospace Concepts, Kevin Hoffman, à l'issue du congrès de la National Business Aviation Association (NBAA), à Orlando. L'appareil offre la même taille de cabine que le Global Express pour le tiers du prix. En plus, ses coûts d'exploitation sont extrêmement bas.»

Aerospace Concepts s'est jointe à la société de distribution britannique Action Aviation pour créer Project Phoenix, un programme de conversion d'appareils CRJ. Project Phoenix a reçu une commande ferme et est sur le point d'en finaliser trois autres, provenant essentiellement de l'Asie et du Moyen-Orient.

Plusieurs autres entreprises jouent du coude pour mettre la main sur ce nouveau marché, comme MJET (Montreal Jet Center), entreprise de maintenance et de finition installée aux abords de l'aéroport Montréal-Trudeau. Avec sa filiale spécialisée en ingénierie, Elisen, MJET ne compte que 130 employés, mais elle a quand même réservé un kiosque au prestigieux congrès de la NBAA afin de bien faire sentir sa présence.

«Nous ne sommes pas les premiers à arriver sur ce marché, alors, nous allons essayer d'être les meilleurs, déclare le président de MJET, Stéphane Durand, en entrevue avec La Presse Affaires. Avec notre expertise en ingénierie, nous croyons pouvoir ajouter de la valeur pour les clients.»

L'arme secrète de MJET, c'est un nouveau réservoir auxiliaire de carburant qui fournira une plus grande autonomie de vol au biréacteur régional.

D'autres entreprises de conversion peuvent aussi installer des réservoirs auxiliaires, mais M. Durand soutient que le réservoir de MJET est particulièrement léger et qu'il est conçu de façon à libérer de l'espace dans la cabine.

Avec un réservoir auxiliaire, l'autonomie d'un CRJ peut passer de 2800 milles nautiques à plus de 3000.

«Pour les clients, l'important, c'est de relier des villes stratégiques, comme New York-Los Angeles ou Londres-Dubai, explique M. Durand. Ça prend un minimum de 3000 milles nautiques.»

Les entreprises de conversion retirent tout ce qui est à l'intérieur de l'appareil, les fauteuils, les compartiments pour bagages au-dessus des têtes, etc, pour y aménager un espace plus confortable, plus luxueux.

Bombardier a elle-même constaté le potentiel du CRJ pour l'aviation d'affaires. Lorsque les transporteurs ont commencé à abandonner le CRJ200, trop petit avec ses 50 places, l'avionneur a décidé de construire une version «affaires» de cet appareil, le Challenger 850, qui constitue ainsi l'équivalent tout neuf d'un CRJ200 converti par MJET.

Avantage prix

Les appareils convertis ont quand même certains avantages, à commencer par le prix. Un Challenger 850 neuf coûte quand même 29,1 millions US, alors qu'un CRJ converti coûte moins de 20 millions US.

En outre, le carnet de commandes de Bombardier est tellement rempli qu'il faut attendre un bon deux ans avant de recevoir son Challenger 850. Et il faut ajouter une autre année pour la finition intérieure. Les entreprises de conversion n'ont qu'à effectuer l'étape de la finition intérieure avant de livrer l'appareil au client.

Tout dépend évidemment de la disponibilité des appareils CRJ. À la fin de juillet, il y avait 29 appareils CRJ sur le marché secondaire, ce qui n'est pas énorme.

«C'est un marché très robuste, affirme un porte-parole de Bombardier Avions commerciaux, John Arnone, Les CRJ trouvent preneurs rapidement.»

Le carnet de commandes de MJET comprend quatre conversions. Comme l'entreprise a une capacité de conversion de quatre à six appareils par année, elle affiche donc complet pour 2009.

Flying Colours, entreprise de Peterborough, en Ontario, a reçu de son côté 12 commandes pour la conversion d'appareils CRJ. Deux sont déjà terminés.

«Nous pouvons convertir de huit à douze appareils par année, affirme Sean Gillespie, directeur des ventes et du marketing de Flying Colours, rencontré au stand de l'entreprise au congrès de la NBAA. Il y a définitivement un marché pour des biréacteurs CRJ convertis.»

La société de location américaine Tailwind Capital s'est également engagée dans le monde de la conversion. L'entreprise de Redmond, dans l'État de Washington, travaille sur neuf appareils CRJ200 acquis par une filiale de Merrill Lynch auprès de transporteurs en faillite, Comair et Independence Air. C'est une entreprise de finition américaine, PATS Aircraft, qui procède à la conversion proprement dite.