Bien des retraités n'y ont vu que du feu, mais la crise du crédit a nui à leur régime de retraite depuis un an.

Bien des retraités n'y ont vu que du feu, mais la crise du crédit a nui à leur régime de retraite depuis un an.

«Il y a un certains nombre de régimes de retraite qui ont des problèmes majeurs», dit Jean Bergeron, directeur chez Morneau Sobeco.

Il s'agit surtout de régimes offerts par des entreprises qui ont fait faillite ou fermé leurs portes. Dans de telles circonstances, il faut mettre fin au régime, ce qui nécessite la liquidation des actifs.

Voyant venir la fin, certains régimes avaient décidé d'investir dans des placements sécuritaires, des titres de marchés monétaires. En achetant du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), ils se sont plutôt mis dans le pétrin.

Depuis un an, les fameux PCCA non bancaires qui contiennent une portion de prêts hypothécaires à risque, sont gelés à cause de la crise du crédit. «Si l'ensemble des actifs est gelé, les retraités ne peuvent pas toucher l'argent», explique M. Bergeron.

Dans toute la province, au moins une cinquantaine de régimes de retraite en liquidation sont gelés à cause du PCAA, selon la Régie des rentes du Québec.

«Mais si on fait exception de ces cas particuliers, le PCAA n'a eu qu'un effet marginal sur les régimes de retraite», nuance M. Bergeron.

Il estime que près de 20% des régimes de retraite à travers le Canada détiennent ces papiers impossibles à transiger. Mais seulement à faible dose.

Sauf qu'il y a des exceptions. Par exemple, les régimes de retraite de Domtar contiennent 389 millions de PCAA, soit 21% de l'actif. De quoi effaroucher les travailleurs, même si l'entreprise va, «couvrir l'impact quand tout sera terminé. Tout le monde va recevoir son dû», assure le porte-parole, Michel Rathier.

Au-delà des problèmes spécifiques du PCAA au Canada, les régimes de retraite ont tous subi les contrecoups de la crise du crédit. La débâcle des Bourses depuis 12 mois a miné leurs rendements, surtout ceux qui sont plus concentrés en actions étrangères.

«On est loin de nos attentes de rendements de 6,5% par année. Si on ne récupère pas ça, le déficit du régime se creuse», dit M. Bergeron. Généralement, c'est l'employeur qui doit combler le trou. De mauvaises surprises attendent les régimes qui sont en train de finaliser leur évaluation actuarielle pour 2007. Plusieurs patrons auront des contributions supplémentaires. «Mais l'impact de la crise du crédit va être encore plus grand l'année prochaine», prédit M. Bergeron.

Les fonctionnaires y goûtent

La Caisse de dépôt et placement du Québec a dû inscrire une perte de 1,8 milliard en 2007, à cause du papier commercial adossé à des actifs (PCAA). Elle avait investi 13,2 milliards dans ces produits viciés, ce qui fait d'elle le plus important détenteur de PCAA de tiers au Canada. Malgré tout, la Caisse a dégagé un rendement de 5,6% en 2007, largement supérieur aux résultats des autres caisses de retraite.

Les Investissements PSP, qui gèrent les caisses de retraite des employés fédéraux, incluant les Forces canadiennes et la GRC, n'ont pas eu la même chance. Ils ont accusé un rendement négatif de 0,3% lors de leur dernier exercice, en partie dû à des pertes spéciales de 920 millions attribuables à la crise du crédit (dont au moins 450 millions à cause du PCAA).