Le taux de survie des coopératives québécoises dépasse largement celui de l'ensemble des entreprises québécoises.

Le taux de survie des coopératives québécoises dépasse largement celui de l'ensemble des entreprises québécoises.

C'est ce que révèle une étude du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, qui vient d'être rendue publique.

Ainsi, trois coopératives sur quatre franchissent le cap des trois ans, après leur création, comparativement à moins d'une entreprise sur deux pour l'ensemble des entreprises nouvellement formées, au Québec.

Le cap des 10 ans d'existence est franchi par 44 pour cent des coopératives nouvellement créées, mais par seulement 19,5 pour cent des entreprises.

Raisons

En entrevue, le coauteur de l'étude, Michel Clément, soulève plusieurs facteurs pour expliquer ce phénomène du grand succès des coopératives.

Il relève entre autres la finalité particulière des coopératives, qui est celle d'offrir un service aux membres plutôt que de chercher le rendement sur le capital, c'est-à-dire faire des profits.

M. Clément avance également comme raison l'engagement du membre, qui est à la fois investisseur et utilisateur de la coopérative.

Il cite aussi comme facteur favorable l'encadrement juridique qui favorise une gouvernance plus ouverte, ainsi qu'un meilleur ancrage dans le milieu.

«On met de l'avant beaucoup la démocratie, la reddition de comptes aux membres et une gouvernance plus ouverte. Toutes les coops, de la plus petite à la plus grande, ont un conseil d'administration, ce qu'on ne voit pas souvent dans les PME, à moins d'avoir une certaine taille», fait valoir M. Clément.

Le taux de survie des coopératives est supérieur au taux de survie des entreprises québécoises et ce pour 11 dans 14 grands secteurs économiques, comme les coopératives agricoles, de transport, de télécommunication, des services personnels et sociaux.

«Les gens se demandent où elles sont les coops. Et bien il y a à peu près la moitié de ce qu'on a dans nos assiettes qui vient des coops», souligne M. Clément.

Les seuls secteurs qui font exception sont la construction, le secteur manufacturier et le commerce.

Plusieurs personnes seront surprises d'apprendre qu'il existe des coopératives dans le secteur des télécommunications, par exemple. M. Clément cite un cas, au nord de Québec, où des gens ont formé une coopérative pour se donner un accès à la câblodistribution. En Abitibi, il existe une coopérative qui donne accès à l'Internet haute vitesse.

S'il est vrai que, traditionnellement, les coopératives étaient surtout concentrées dans les secteurs comme l'agriculture, l'alimentation et la forêt, elles se sont grandement diversifiées, ces dernières années, note M. Clément.

Il souligne, par exemple, que les coopératives axées sur les services à la personne ont littéralement explosé, ces dernières années, avec le vieillissement de la population. «On est arrivé avec des taux de survie après cinq ans de plus de 80 pour cent dans tout ce qui touchait les services à la personne.» Il prévoit donc un développement encore considérable dans ce domaine, au cours des prochaines années.

Les taux de survie des coopératives les plus importants après 10 ans se retrouvent dans les régions de la Mauricie, du Centre-du-Québec, de Chaudière-Appalaches, de Lanaudière, du Bas-St-Laurent et des Laurentides.

Fait à noter, le Québec est le champion canadien des coopératives. «Présentement, il y a une coop sur deux qui se crée au Canada qui est au Québec. Et non seulement c'est une sur deux, mais il y a une diversité plus grande», relève M. Clément.

Les coopératives non financières généraient un chiffre d'affaires de près de 8,4 milliards $, au Québec en 2004. En 2005, elles donnaient du travail à 43 000 personnes.

Le nombre d'emplois dans le monde coopératif a grimpé de 6,1 pour cent par année, au cours des 10 dernières années, alors que la population en emploi n'a augmenté que de 1,9 pour cent par année au Québec pendant la même période.