La compagnie d'assurances Standard Life songe à s'attaquer au marché américain d'ici quelques années. Et c'est Montréal, le siège social du groupe au Canada, qui pourrait servir de base à cette nouvelle conquête.

La compagnie d'assurances Standard Life songe à s'attaquer au marché américain d'ici quelques années. Et c'est Montréal, le siège social du groupe au Canada, qui pourrait servir de base à cette nouvelle conquête.

«Je crois que le Canada sera le point d'appui du groupe Standard Life pour l'Amérique du Nord», a confié à La Presse Affaires le président et chef de la direction de Standard Life Canada, Joseph Iannicelli.

Standard Life est une société écossaise qui célèbre cette année ses 175 ans au Canada. Aussi implantée en Autriche, en Allemagne, en Irlande, à Hong-Kong, en Chine et en Inde, l'entreprise n'a jamais vendu de produits aux États-Unis.

Mais le discours semble avoir changé. «Les États-Unis sont tout simplement trop gros pour être ignorés», dit aujourd'hui M. Iannicelli, qui veut toutefois éviter de précipiter les choses. Parce qu'avant de traverser au sud de la frontière, peut-être bien jusqu'au Mexique, il reste encore du travail à faire à la maison.

«Pour l'instant, notre objectif est de nous assurer que nous sommes solides au Canada, explique M. Iannicelli. Nous voulons être plus forts dans notre marché, développer notre expertise et mettre des barrières pour protéger cette expertise.»

«Je ne veux pas avoir à regarder derrière mon épaule au Canada pendant que je fais mon expansion là-bas. Est-ce qu'on parle de trois ou quatre ans? Peut-être. Ça va dépendre de comment vont les affaires au Canada, de comment ça se passe aussi au Royaume-Uni (au siège social de l'entreprise)», a continué le président.

"Il se pourrait qu'un changement législatif déclenche un mouvement, dit-il aussi. Plusieurs de nos produits dépendent des lois fiscales."

Comme les Japonais

M. Iannicelli aime utiliser une analogie pour décrire la situation de son entreprise: celle de l'industrie automobile. Il rappelle que plusieurs étaient sceptiques lorsque les Japonais sont allés surprendre les Big Three -Ford, GM et Chrysler- sur leur propre territoire.

«Ils étaient trop gros. Ils dormaient sur la switch. Ils ne développaient plus les produits que les consommateurs voulaient», observe M. Iannicelli en parlant des géants américains. Il en tire une leçon: «Ce n'est pas grave si un marché est saturé et s'il compte beaucoup de concurrents. Il y a toujours de la place pour une bonne entreprise. Regardez Kia plus récemment: ils sont arrivés dans un marché saturé! La clé, c'est d'être bon.»

La comparaison avec les Big Three est loin d'être anodine. Car au Canada, la Standard Life occupe le quatrième rang des compagnies d'assurances derrière les trois géants que sont Manulife, Sun Life et Great West.

Une situation qui a obligé l'entreprise à redéfinir son rôle il y a quelques années.

«Dans ce contexte, vous devez être bon partout, mais vous devez avoir une expertise dans laquelle vous êtes excellent, dit M. Iannicelli. À mon arrivée ici, en 2005, nous nous sommes demandé quelles étaient nos forces. Et nos forces, c'est la gestion d'actifs: gérer l'argent des gens.»

Un créneau d'autant plus intéressant qu'il peut bénéficier du soutien du siège social écossais et de l'expertise des autres filiales du groupe. Et c'est exactement celui que viserait à exploiter la Standard Life advenant une percée américaine.