Le 9 mai 2007, alors que l'entreprise financière Triglobal était questionnée sur ses fonds offshore distribués illégalement, ses dirigeants ont ordonné la destruction de 219 boîtes et 69 sacs de documents à Montréal.

Le 9 mai 2007, alors que l'entreprise financière Triglobal était questionnée sur ses fonds offshore distribués illégalement, ses dirigeants ont ordonné la destruction de 219 boîtes et 69 sacs de documents à Montréal.

L'entreprise de déchiquetage Shred-It a facturé le travail à PNB Management, firme liée à Triglobal et qui a les mêmes propriétaires, Mario Bright et Themis Papadopoulos.

La destruction massive de documents, découverte grâce à une facture, est révélée par un rapport sur Triglobal déposé récemment en cour par l'Autorité des marchés financiers (AMF).

L'AMF a déposé ce document dans le cadre de procédures visant la mise sous tutelle de Triglobal, de PNB Management et d'une ribambelle de sociétés à numéro contrôlées par le duo de MM. Papadopoulos et Bright.

Le rapport a été préparé par l'expert-comptable Jean Robillard, de Raymond Chabot Grant Thornton, nommé administrateur provisoire par le gouvernement du Québec pour assumer la tutelle de Triglobal, de PNB et le reste de la nébuleuse d'entreprises appartenant à MM. Papadopoulos et Bright.

Triglobal, qui avait environ 1,6 milliard de dollars sous gestion, a été fermée dans le sillage d'une enquête de l'Autorité des marchés financiers du Québec.

Selon l'AMF, les deux propriétaires et plusieurs représentants en fonds communs de Triglobal ont illégalement distribué au Québec des fonds offshore dans lesquels des Montréalais pourraient avoir perdu jusqu'à 52 M$, selon une estimation des créances faite en janvier dernier par Jean Robillard, qui est aussi syndic de la faillite de Triglobal.

Depuis, les fonds Ivest Fund, des Bahamas, ainsi que Focus Management, des îles Caïmans, ont été fermés et mis en liquidation judiciaire par les tribunaux de ces paradis fiscaux, à la suite de requêtes en cour pilotées là-bas par l'AMF.

L'AMF n'a pas encore déposé d'accusations pénales dans ce dossier, mais poursuit une enquête qui a des ramifications en Grèce et dans plusieurs paradis fiscaux des Caraïbes.

Liens avec Norbourg

Selon le rapport, Ivest Funds a prêté environ 1,1 million de dollars à une firme appelée Capricorn Investments et 750 000$ à Barrontech Investments, deux firmes de Montréal.

Capricorn Investments a comme président le Montréalais d'origine Kevin Coombs, qui était aussi le vice-président d'Ivest.

Capricorn a comme fondé de pouvoir l'avocat Robert Hindle, de Saint-Lambert, spécialisé dans les montages offshore, qui était aussi fondé de pouvoir d'Ivest.

Me Hindle était aussi l'avocat offshore de Vincent Lacroix, l'ex-président de Norbourg aujourd'hui en prison. Me Hindle est d'ailleurs poursuivi pour 2 M$ par le syndic RSM Richter, qui administre la faillite de Norbourg.

Ce dernier reproche à Me Hindle d'avoir égaré aux Bahamas 2 millions de dollars que lui avait confiés en 2005 M. Lacroix (qui les avait au préalable siphonnés dans les Fonds Norbourg).

Me Hindle avait joué un rôle important dans la tentative de Vincent Lacroix d'établir une structure offshore aux Bahamas. Selon le syndic RSM-Richter, cette structure comprenait une firme des Bahamas appelée Capricorn Investments.

M. Lacroix avait aussi obtenu la propriété d'un fonds commun offshore appelé Norvest, incorporé en même temps qu'Ivest, aux Bahamas.

Me Hindle a rappelé La Presse hier, mais a indiqué que le secret professionnel l'empêche de révéler quoi que ce soit au sujet de Capricorn Holdings.

«J'ai dit la même chose au liquidateur de Triglobal» (Raymond Chabot Grant Thornton), a ajouté Me Hindle.

Le syndic des firmes Norbourg, Gilles Robillard, a dit hier ne pas être en mesure de confirmer si Capricorn Investments est la même firme que celle qui a été impliquée dans la structure offshore de Vincent Lacroix.

Barrontech est une société d'investissement logée à la même adresse que le cabinet de Me Hindle et est dirigée par son frère, Neil Hindle, qui n'a pas rappelé La Presse.

Groupe CMA

Les actifs de Triglobal Capital ont été vendus à Promutuel pour 2 millions de dollars en janvier, mais le rapport explique comment l'administrateur provisoire Jean Robillard a fait avorter un premier contrat de vente signé en décembre dans lequel le Groupe CMA, de Normand Caty, avait un rôle d'intermédiaire.

Selon ce contrat, Promutuel aurait versé seulement 250 000$ à Triglobal, mais plus de 3 millions à Groupe CMA.

D'autres contrats parallèles, qui ont été annulés par le syndic Robillard, auraient fait en sorte qu'entre 1 million et 1,5 million soit versés à Softnetware inc, une firme «identifiée» et «orientée» par le président de Triglobal, Themis Papadopoulos.

L'argent ainsi diverti aurait échappé aux créanciers de Triglobal et de ses fonds offshore.

La transaction renégociée par le syndic Robillard et Promutuel exclut complètement le Groupe CMA. Normand Caty, le président de CMA, n'a pu être joint mardi.

Ni M. Papadopoulos ni M. Bright n'ont pu être interrogés par les autorités depuis la fermeture de Triglobal. M. Bright a quitté le Canada en 2006. M. Papadopoulos, qui est recherché par la police, a peut-être aussi quitté le pays.