C'est comme un chat à neuf vies qui a fait face à maints dangers, qui a toujours trouvé le moyen de renaître sous un aspect un peu différent et qui est maintenant à la veille de connaître une nouvelle incarnation.

C'est comme un chat à neuf vies qui a fait face à maints dangers, qui a toujours trouvé le moyen de renaître sous un aspect un peu différent et qui est maintenant à la veille de connaître une nouvelle incarnation.

Quel sera le nouveau visage d'Air Canada [[|ticker sym='T.AC.B'|]]? Une société inscrite en Bourse? Une société à capital fermé? La filiale d'un grand transporteur américain? Les paris sont ouverts.

Air Canada a survécu à une tentative de prise de contrôle hostile, à une fusion tumultueuse, aux attentats du 11 septembre 2001, au SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), à une difficile restructuration financière et à une flambée des prix du pétrole.

Elle devrait encore poursuivre son vol.

La première incarnation d'Air Canada a pris la forme d'une société de la Couronne, créée en 1937 par le gouvernement fédéral sous le nom de Trans-Canada Airlines. Elle a officiellement adopté le nom d'Air Canada en 1965.

La société a entrepris une deuxième vie en 1988 et 1989 avec sa privatisation et son inscription en Bourse.

«Dans la tête de beaucoup de Canadiens, Air Canada est encore une société de la Couronne, affirme toutefois Isabelle Dostaler, professeur à l'École de gestion John Molson de l'Université Concordia. Pour bien des Canadiens, c'est encore le transporteur national, avec lequel on joue les gérants d'estrade, comme avec le club Canadien de Montréal.»

Cette nouvelle vie n'a cependant pas été de tout repos: en 1999, Onex, la société de Gerry Schwartz, s'est alliée à la société mère d'American Airlines pour essayer de mettre la main sur Air Canada et la fusionner avec les Lignes aériennes Canadien. Robert Milton, qui venait tout juste d'arriver à la tête du transporteur canadien, a organisé la défense.

Le jeune dirigeant de 39 ans a présidé à la troisième incarnation d'Air Canada, soit sa fusion avec Canadien. Il s'agissait toutefois d'une fusion forcée: le ministre des Transports de l'époque, David Collenette, avait menacé de transférer les routes et les créneaux de Canadien à Canada 3000.

Résultat, Air Canada a dû payer 620 millions de dollars, se charger d'une dette supplémentaire de 3 milliards en plus de récupérer de vieux appareils et 16 000 employés de plus.

Le mélange n'a pas nécessairement été harmonieux.

«La fusion entre Air Canada et Canadien, c'était un peu une fusion de l'Est et de l'Ouest canadien, a observé Mme Dostaler. Le Canada est une bibitte un peu morcelée et Air Canada est l'image de cela.»

La vie du transporteur aérien a pris une autre tournure le 1er avril 2003, lorsqu'il s'est placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

Encore une fois, la société a dû faire face à une série de turbulences. L'homme d'affaires Victor Li, qui devait investir 650 millions de dollars dans la nouvelle société, a subitement retiré ses billes, ce qui a forcé les dirigeants d'Air Canada à dénicher rapidement d'autres investisseurs.

L'analyste Cameron Doerksen, de la firme Versant Partners, affirme que la restructuration, terminée le 30 septembre 2004, a été considérée par plusieurs comme un succès.

«La société a réussi à réduire ses coûts, elle a pu entreprendre un vaste programme de renouvellement de la flotte, ce qui les aide beaucoup présentement, et elle s'est placée dans une bien meilleure position financière», soutient-il.

Jacques Roy, professeur à HEC Montréal, se montre un peu moins positif. Selon lui, les clients et les employés ont été un peu oubliés dans tout le brouhaha.

«Le montage financier a été un bon coup, quand on regarde la valeur que cela a créée, déclare-t-il. La direction d'Air Canada a bien tiré son épingle du jeu au niveau financier, c'est là où elle a concentré ses efforts, beaucoup plus que sur le service à la clientèle ou les relations avec les employés.»

Fouetter les troupes

Isabelle Dostaler estime plutôt que la restructuration a permis de fouetter les troupes.

«Quand on sort d'un processus de restructuration et qu'on n'est pas mort, on ressort avec une énergie renouvelée, soutient-elle. Les gens qui restent sont contents, ils sont plus malléables, c'est le moment d'implanter le changement.»

Air Canada a d'ailleurs entamé sa nouvelle vie avec une structure corporative complètement différente. Un véritable spaghetti financier, selon les termes d'Isabelle Dostaler.

Une société de portefeuille, Gestion ACE Aviation, chapeaute désormais le transporteur Air Canada et ses différentes divisions, soit principalement le transporteur régional Jazz, le programme de fidélisation Aéroplan et les Services techniques Air Canada (ACTS).