«Ça me rend folle!» lance Heather Pelant au bout du fil.

«Ça me rend folle!» lance Heather Pelant au bout du fil.

Rassurez-vous: la directrice des fonds indiciels iShares au Canada a bel est bien toute sa tête. Heather Pelant s'emballe ainsi seulement quand elle voit ses clients acheter des obligations sans réfléchir.

Ces mêmes investisseurs passent pourtant des heures à choisir minutieusement les actions dans leur portefeuille.

«Je n'en reviens pas à quel point les gens prennent peu de temps à gérer leur portefeuille d'obligations, dit-elle. Ils devraient pourtant gérer leurs obligations avec autant d'attention que leurs actions.»

Le marché des obligations n'est pas aussi complexe que celui des actions, mais c'est tout comme. On est loin du temps où les investisseurs se procuraient machinalement des bons du Trésor à la banque du quartier.

«Petit, ma mère m'amenait à la banque tous les ans acheter ses bons du Trésor de l'Ontario», se rappelle l'analyste financier Philip Lee.

L'analyste chez Morningstar, une firme de recherche sur les fonds communs, est bien placé afin de savoir que cette époque est révolue depuis longtemps.

Aujourd'hui, les investisseurs ont l'embarras du choix en matière d'obligations: fonds communs canadiens, fonds communs étrangers, fonds indiciels, bons du Trésor, obligations gouvernementales, obligations de sociétés, certificats de placement garanti (CPG), pour ne nommer que ceux-là.

Directrice de la famille de fonds indiciels iShares chez Barclays Canada, Heather Pelant préfère évidemment ses propres fonds d'obligations, les premiers fonds indiciels offerts au pays en 1999.

«Chez nous, les petits investisseurs ont accès au marché obligataire comme s'ils étaient des investisseurs institutionnels, dit Heather Pelant. Nos fonds indiciels sont plus diversifiés et beaucoup moins chers que les fonds des banques.»

Barclays offre présentement six fonds d'obligations canadiennes négociés à la Bourse de Toronto. Au nombre de ses fonds plus spécialisés: le Real Return Bond Index Fund, dont le rendement est ajusté à l'inflation.

Si l'inflation augmente, le rendement fait de même. Intéressant comme concept. Mais attention, l'inverse est aussi vrai: si l'inflation diminue, le rendement diminue également.

«Présentement, beaucoup de gens se demandent si nous nous dirigeons vers une période inflationniste, dit Heather Pelant. Or, ce fonds vous protège justement contre l'inflation.»

Malgré la curiosité qu'ils suscitent, les fonds indiciels d'obligations ne représentent pas qu'une infime partie du marché des obligations. La preuve: le fonds indiciel le plus populaire - le Canadian Universal Bond Index Fund (XBB) - est environ 10 fois moins imposant que le numéro un des fonds communs d'obligations.

La popularité des fonds communs d'obligations s'explique notamment parle fait qu'ils sont plus connus des investisseurs canadiens. Certains datent même des années 50!

«On retrouve des fonds communs pour tous les goûts: obligations de compagnies, obligations gouvernementales et obligations à plus haut risque», dit Philip Lee, analyste chez Morningstar.

Recul des fonds d'obligations étrangères

Au contraire des fonds indiciels d'obligations, les fonds communs offrent à la fois des placements canadiens et étrangers.

Depuis un an, les détenteurs de la plupart des fonds communs d'obligations étrangères regrettent toutefois leur choix. Non seulement ils ne font pas d'argent, ils en perdent en raison de la montée du dollar canadien.

«Les fonds sont en dollars américains et ils ne sont généralement pas protégés contre les fluctuations de devises», dit l'analyste Philip Lee.

Les ennuis des fonds étrangers rappellent aux investisseurs que le marché obligataire n'est pas invincible. Oui, les obligations constituent un placement moins risqué que les actions. Mais leur valeur, comme celle des actions, fluctue. Souvent à la hausse, mais parfois à la baisse.

«Il est possible d'avoir un rendement négatif durant une certaine période. Il faut toutefois remonter à 1999 afin d'avoir un rendement négatif sur le marché des obligations canadiennes», Benoît Durocher, président et chef de direction de Addenda Capital, une firme de gestion d'obligations située à Montréal.

Présentement, l'indice canadien des obligations prévoit un rendement annuel de 4,08%. «Si les taux d'intérêt ne bougent pas», prévient Benoît Durocher. Si les taux montent, le rendement des obligations actuellement sur le marché va diminuer, et vice-versa.

Le marché obligataire n'est pas complètement immunisé contre les turbulences économiques annoncées au cours des prochains mois. Surtout si l'inflation, son ennemi numéro un, est plus importante que prévu au Canada.

Il existe toutefois plusieurs solutions pour les investisseurs allergiques à toute turbulence sur les marchés, dont les bons du Trésor et les certificats de placement garanti, des placements virtuellement sans risques (sauf en cas de faillite de l'institution financière).

«Si votre objectif est de préserver notre capital à la veille de la retraite, les bons du Trésor à court terme et les CPG sont une bonne option», dit Benoît Durocher.

Évidemment, les investisseurs ne doivent pas s'attendre à des rendements mirobolants. «C'est comme tout placement, dit Benoît Durocher. Plus on prend de risques, plus notre espérance de rendement est élevée.»