Le Québec, qui s'est longtemps plaint d'être laissé pour compte par l'industrie automobile américaine, en profite aujourd'hui. Parce que son économie ne dépend pas de cette industrie très souffrante, il réussira peut-être à éviter la récession.

Le Québec, qui s'est longtemps plaint d'être laissé pour compte par l'industrie automobile américaine, en profite aujourd'hui. Parce que son économie ne dépend pas de cette industrie très souffrante, il réussira peut-être à éviter la récession.

De justesse, estiment toutefois les économistes du Mouvements Desjardins, qui révisent à la baisse leurs prévisions économiques pour le Canada et les provinces en raison du flot ininterrompu de mauvaises nouvelles en provenance des États-Unis.

Pour le Canada dans son ensemble, c'est clair et c'est à cause de l'Ontario, son moteur économique. «La question n'est plus de savoir s'il y aura ou non une récession, mais bien plutôt quelles en seront l'ampleur et la durée», estime l'économiste en chef, François Dupuis.

Pour le Québec, le portrait est plus embrouillé. «Il pourrait s'en tirer avec une récession technique, qui ne laisserait pas autant de traces que les deux dernières récessions classiques», explique-t-il.

Une récession technique est un recul du produit intérieur brut (PIB), comme une récession classique, mais avec des effets plus limités sur l'emploi et la consommation. Le Québec a connu trois de ces récessions techniques depuis 1990.

Ce pourrait être la même chose cette fois-ci, croit François Dupuis, malgré les problèmes sans précédent de l'économie américaine qui ont contaminé toute la planète.

Si le Québec peut mieux s'en tirer, c'est entre autres choses parce que sa structure industrielle ne dépend pas du secteur automobile, comme l'Ontario. Le plan d'investissement public dans les infrastructures tombe aussi à point. Il est prévu que plus de 15 milliards de dollars seront investis au cours des deux prochaines années dans les routes, les ponts et autres édifices publics.

Ces investissements, et ceux d'Hydro-Québec (10 milliards en 2008 et 2009) soutiendront l'économie du Québec.

En outre, les Québécois profitent des baisses d'impôt de 2 milliards annoncées par les gouvernements provincial et fédéral, ce qui alimentera la consommation.

«On pourrait s'en sauver, mais il faut être réaliste, dit François Dupuis. Si la récession américaine perdure au-delà de l'hiver 2009, une récession plus profonde est possible au Québec.»

Ici comme ailleurs, la confiance des consommateurs est au plus bas et la crise du crédit limitera l'investissement privé au Québec. Des projets importants, comme la modernisation de la raffinerie Ultramar de Saint-Romuald, sont reportés.

Malgré la baisse du dollar qui aide les entreprises exportatrices du Québec, la demande pour leurs produits n'est pas au rendez-vous dans leur principal marché, les États-Unis.

Enfin, la baisse du prix des matières premières fera souffrir les régions.

«Des pertes d'emplois sont à prévoir et le taux de chômage pourrait augmenter de 1 ou 1,5%», croit l'économiste de Desjardins.

Desjardins s'attend à un recul du PIB canadien dernier trimestre de l'année et à une autre baisse au premier trimestre de 2009.

Pour le Québec, Desjardins prévoit une croissance de moins de 1% du PIB au dernier trimestre de 2008. Pour 2009, les prévisions de croissance sont rabaissées de 0,8% à 0,3%.

CANADA: LES INFRASTRUCTURES CONTRE LA RÉCESSION

Le gouvernement fédéral songe à lancer des projets d'infrastructures plus rapidement afin de contrer l'impact de la récession au pays. «Le Canada n'est pas pour l'instant en récession, mais les temps sont incertains et la situation économique ne s'améliore pas», a dit hier le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty. Le ministre Flaherty, qui veut lancer des projets d'infrastructures afin de «créer des emplois et stimuler l'activité économique», fera une mise à jour économique jeudi à Ottawa. - La Presse Canadienne