Avec ses bâtiments de brique et ses structures métalliques, l'ancienne société papetière Belgo se dresse tel un fantôme à l'entrée de Shawinigan.

Avec ses bâtiments de brique et ses structures métalliques, l'ancienne société papetière Belgo se dresse tel un fantôme à l'entrée de Shawinigan.

Il y a un an, la fermeture de l'usine a causé un choc dans cette ville où l'on travaillait à la Belgo de père en fils. Du coup, 550 employés se sont retrouvés sur le carreau.

La plupart ont retrouvé un emploi. C'est le cas de Denis Lefèvre, papetier de 50 ans qui a passé près de 30 années à l'usine de Shawinigan. Aujourd'hui, il travaille pour une vitrerie de Trois-Rivières. Son salaire a chuté de moitié. Mais au moins, il ne travaille plus la nuit, ni les fins de semaine. Globalement, il est content de son sort.

D'autres anciens de la Belgo, à peine plus vieux que lui, ont opté pour la retraite. Pour l'instant, ils reçoivent une prime de licenciement. Et essaient de repousser le plus possible le moment où ils toucheront leur pension, pour minimiser la pénalité associée à leur retraite précoce.

Mais quand ils voient les actions de la maison mère de la Belgo, AbitibiBowater, fondre à vue d'oeil, ils s'inquiètent. Et si la compagnie devait faire faillite ? Ils risqueraient alors de voir s'envoler la moitié de leur régime de retraite - celle qui comprend la part de leur employeur.

Prendre leur retraite tout de suite, quitte à se contenter de prestations plus modestes? Ou attendre un peu, au risque de perdre beaucoup plus?

«C'est un gamble, je connais des gars qui n'en dorment pas la nuit «, dit Jacques Lacombe, président de l'un des syndicats qui représentaient les employés de la Belgo. À 55 ans, il a choisi d'attendre. Mais c'est avec un pincement au coeur qu'il a vu l'action de la compagnie chuter en deçà de 1$ cette semaine. «Je me dis que c'est une multinationale, qu'ils ne peuvent pas fermer comme ça «, se console-t-il.

Ils sont une centaine, comme lui, à se ronger d'angoisse. En un an, ils ont absorbé deux coups durs. D'abord, la crise du papier. Puis, la débâcle boursière...