Les fonds communs ont bien failli encaisser le pire mois de leur histoire. Mais la remontée éclair des derniers jours d'octobre, ainsi que le jeu des devises, ont amorti leur chute.

Les fonds communs ont bien failli encaisser le pire mois de leur histoire. Mais la remontée éclair des derniers jours d'octobre, ainsi que le jeu des devises, ont amorti leur chute.

Les détenteurs de fonds communs de placement ne sont pas fâchés que le mois d'octobre soit terminé.

Quel mois affreux! Pratiquement toutes les catégories de fonds sont dans le rouge, selon les données préliminaires de Morningstar Canada.

«C'était le mois de tous les records, à la baisse comme à la hausse, pour la Bourse, pour le dollar canadien... on pourra dire qu'on a vécu octobre 2008!» lance Sylvain de Champlain, président de De Champlain Services financiers.

Le mois a débuté dans le mélodrame entourant le vote pour le plan de sauvetage de 700 milliards aux États-Unis. Les actions se sont écroulées.

Puis, les banques centrales du monde entier ont annoncé en coeur des baisses de taux d'intérêt.

Malgré tout, les Bourses ont poursuivi leur glissade... pour finalement rebondir. Et retomber encore, cette fois à cause des malheurs de l'Islande, de l'Ukraine et de la Hongrie.

Mais de nouvelles baisses de taux d'intérêt ont finalement requinqué les actions.

Le prix du pétrole qui s'évapore. Les devises qui virevoltent. Ouf! Le mois d'octobre aura vraiment été haut en couleur. Et il se termine décidément dans le rouge.

La Bourse japonaise a perdu près du quart de sa valeur, son plus fort déclin mensuel de tous les temps.

En Europe, les pertes oscillent entre 12 et 20%. Au Canada, la Bourse a flanché de 18%.

Que dire de plus? Difficile à croire, mais ça aurait pu être pire.

Remontée éclair

Pour les fonds communs, octobre a été le pire mois de l'histoire (les banques de données remontent 25 ans en arrière) mais seulement dans cinq catégories sur 43: actions de métaux précieux, actions de ressources naturelles, actions de PME en majorité canadienne, actions de l'immobilier ainsi que revenus fixes à rendement élevé.

Il faut dire que le ralentissement de l'économie mondiale a porté un dur coup au prix des ressources naturelles. Et avec la crise du crédit, les investisseurs ont fui les PME, pour se réfugier vers des valeurs sûres qui ont plus facilement accès à du financement.

Les fonds de ces catégories s'en sont lourdement ressentis. Certains ont même perdu les deux tiers de leur valeur depuis un an.

Toutefois, une vingtaine d'autres catégories de fonds l'ont échappé belle. Si ce n'avait été de la remontée éclair des derniers jours, la plupart des fonds d'actions étrangères (marchés émergents, Europe, Asie, États-Unis) et même les fonds équilibrés, auraient battu des records d'horreur.

«Mais la remontée des quatre derniers jours d'octobre a été très significative. Plusieurs catégories de fonds d'actions ont regagné plus de 10%», souligne Christian Charest, rédacteur en chef adjoint chez Morningstar.

Par exemple, les fonds d'actions canadiennes avaient fondu de 26,8% entre le 1er et le 27 octobre. Si le mois s'était arrêté là, ça aurait été sa pire dégringolade de l'histoire, pire que le fameux mois du krach d'octobre 1987 qui avait retranché 20,4% à la valeur des fonds d'actions canadiennes.

Mais avec le soudain regain de vie, les fonds d'actions canadiennes ont repris 14,2%, réduisant leurs pertes mensuelles à 16,4%. Mince consolation pour les porteurs d'unités qui ont perdu le tiers de leur investissement depuis un an.

Les devises à la rescousse

Autre facteur positif. Les investisseurs canadiens ont profité des mouvements tumultueux sur le marché des devises.

«En l'espace de 24 heures, le huard a plongé en dessous de 77 cents US pour ensuite remonter près de 84 cents US, une fourchette plus large que ce qu'on voit durant certaines années complètes», raconte Douglas Porter, des Marchés des capitaux BMO.

Mais le huard qui est fortement lié au prix du pétrole, a perdu des plumes en octobre: -13% contre le dollar US, -3% contre l'euro et -19% contre le yen.

Ainsi, les devises ont volé à la rescousse des investisseurs canadiens qui possèdent des fonds d'actions étrangères. Par exemple, la poussée d'adrénaline du yen a rescapé les fonds d'actions japonaises qui ont baissé de seulement 6,7% en octobre.

Même phénomène pour les fonds de revenus fixes mondiaux qui ont gagné 4,5% en octobre grâce à la vigueur des devises étrangères. «Les devises influent plus leur rendement que les taux d'intérêt», souligne M. Charest.

Mais il s'agit de la seule catégorie qui affiche un véritable rendement positif en octobre.

Autrement, la baisse est généralisée. Même les fonds équilibrés sont en baisse de 5 à 9%. Même les fonds d'obligations ont reculé.

«Beaucoup d'investisseurs avaient investi dans des fonds de dividendes qui étaient construits sur des titres de banques et de services financiers», rappelle Patrick Ducharme, chez De Champlain Services financiers.

Or, les fonds d'actions canadiennes de revenus ont fondu de 11,8% en octobre, creusant leur perte à plus de 25% depuis un an.

«Les gens sont déçus, mais ils sont plus matures qu'en 2000-2002», note M. De Champlain, qui n'a pas assisté à des «ventes de feu».