Le Québec a pratiquement rejoint les autres provinces canadiennes pour le taux de participation des travailleurs à des formations liées à l'emploi, révèle un récent rapport du Conseil canadien sur l'apprentissage. Aperçu de ses données réjouissantes et de quelques bémols.

Le Québec a pratiquement rejoint les autres provinces canadiennes pour le taux de participation des travailleurs à des formations liées à l'emploi, révèle un récent rapport du Conseil canadien sur l'apprentissage. Aperçu de ses données réjouissantes et de quelques bémols.

La formation en entreprise au Québec: un portrait, présente en 100 pages de textes et d'annexes statistiques les développements en matière de formation de la main-d'oeuvre depuis l'adoption de la loi 90, connue comme la Loi du 1%.

Entre 1997 et 2002, le taux de participation des travailleurs québécois à des formations liées à l'emploi est passé de 20 à 32%. Ces apprentissages étaient, à 80%, parrainés par leur employeur.

L'année suivante, plus de 75% des entreprises assujetties à la loi 90 consacraient au moins 1% de leur masse salariale à des formation dispensées à l'interne ou à l'externe.

«Les progrès sont significatifs», résument ses auteurs, les professeurs Paul Bélanger et Magali Robitaille, du Centre interdisciplinaire de recherche/développement sur l'éducation permanente de l'Université du Québec à Montréal (CIRDEP/UQAM).

En plus de diriger le CIRDEP, le professeur Bélanger préside le Conseil international d'éducation des adultes (CIEA) et il a dirigé l'Institut de l'UNESCO pour l'éducation à Hambourg, en Allemagne, de 1989 à 2000.

Parmi les progrès, les deux chercheurs identifient également la concertation patronale, syndicale et gouvernementale, le renouvellement des programmes ainsi que l'accroissement et la diversité de l'offre des contenus et des formes d'apprentissage.

Leurs auteurs identifient par ailleurs plusieurs problèmes non réglés. C'est le cas de la faiblesse ou même l'absence de formation de base - générale et technique - dans plusieurs milieux de travail chez des milliers d'adultes québécois.

Ainsi, seulement 6% des travailleurs n'ayant pas complété leurs études secondaires participaient à des formations structurées en 2002, contre 40% des diplômés universitaires.

«Au Québec, 800 000 personnes sont incapables de lire et de comprendre un texte simple et d'effectuer l'ensemble des opérations nécessaires à la vie courante. Environ 70% d'entre elles sont en emploi», rappelle Dominique Ollivier, directrice générale de l'Institut de coopération pour l'éducation des adultes (ICEA).

Cet organisme coordonne la Semaine québécoise des adultes en formation qui, du 29 mars au 4 avril, présentera plus de 500 activités publiques, partout au Québec.

«Plusieurs entreprises découvrent les difficultés de leurs employés au moment de changements technologiques. Les problèmes de lecture et d'écriture sont également un obstacle à la reconversion ou à la réinsertion en emploi lors de mises à pied dans des secteurs traditionnels», précise Mme Olivier.

S'ils pouvaient encore, il n'y a pas si longtemps, miser sur leur extraordinaire débrouillardise, ces personnes voient leur vie au travail transformée en cauchemar avec la montée en flèche des nouvelles technologies.

«Les TI ont élevé le niveau minimum de la formation de base. Dans bien des organisations, la nécessaire transformation des processus et des outils de production ne peut se faire sans assurer d'abord une formation de base», insiste-t-elle.

L'évaluation rigoureuse des besoins en formation est cruciale. C'est dans cette perspective que l'Ordre des conseillers et conseillères en ressources humaines et en relations industrielles agréés (ORHRI) offre à ses membres des programmes en gestion de la formation, de l'évaluation des besoins jusqu'à celle de la formation reçue.

Des professionnels

«Dans les organisations, la formation est souvent la responsabilité des professionnels en ressources humaines. Ce thème est donc prioritaire dans nos activités», indique Florent Francoeur, PDG de l'ORHRI.

En plus du volet gestion, l'organisme offre des formations de formateurs. «Elles ont un effet multiplicateur et permettent aux employeurs d'accroître les retombées de leur investissement en formation», souligne-t-il.

Ces formations de formateurs sont parmi les 200 activités de formation offertes par l'Ordre chaque année à ses 8000 membres. Depuis deux ans, elle a ajouté des formations RH à l'intention des chefs d'entreprises et des cadres de PME.

Le rapport Bélanger-Robitaille est disponible à l'adresse www.ccl-cca.ca/ccl.