Une demande famélique pour le bois d'oeuvre, un baril de pétrole sous la barre des 50$ US et une baisse continue du prix des métaux: l'année 2009 sera pénible pour le secteur des produits de base, crucial à la bonne tenue de l'économie canadienne.

Une demande famélique pour le bois d'oeuvre, un baril de pétrole sous la barre des 50$ US et une baisse continue du prix des métaux: l'année 2009 sera pénible pour le secteur des produits de base, crucial à la bonne tenue de l'économie canadienne.

«Nous n'avons pas encore vu le fond», prédit Patricia Mohr, économiste à la Banque Scotia, qui a publié hier un vaste rapport sur le sujet.

L'indice du prix des produits de base compilé par la Scotia a reculé de 35,4% entre le sommet de juillet et novembre, et la baisse se poursuivra en décembre. Jamais l'indice n'est passé aussi vite d'une période de boom à un creux depuis sa création en 1972, souligne Mme Mohr.

Les prix continueront à reculer pendant les six prochains mois au moins, plombés par les difficultés de l'économie mondiale et les liquidations des stocks, ajoute l'économiste.

Aluminium

Les cours de l'aluminium -une industrie multimilliardaire au Québec- ont chuté de façon particulièrement marquée, a souligné Mme Mohr à La Presse Affaires. «La semaine dernière, le prix n'était pas suffisant pour couvrir les coûts de production dans 50% des fonderies de la planète. Heureusement, la plupart des fonderies au Québec sont encore capables de couvrir leurs frais.»

Preuve des difficultés de l'aluminium, le géant anglo-australien Rio Tinto a annoncé il y a deux semaines la suppression de 14 000 emplois dans le monde, en plus du report de plusieurs investissements.

Deux projets de la filiale Rio Tinto Alcan au Saguenay- Lac-Saint-Jean verront leur échéancier repoussé. Et un troisième, à Alma, est carrément mis sur la glace jusqu'à nouvel ordre, a confirmé hier le porte-parole du groupe, Stefano Bertolli.

La baisse rapide des cours du pétrole entraînera par ailleurs le report ou l'annulation d'investissements dans les champs de sables bitumineux de l'Ouest canadien. Plusieurs annonces ont déjà été faites au cours des dernières semaines par les grands groupes pétroliers.

Patricia Mohr s'attend à ce que le baril de brut s'échange en moyenne à 55$US l'an prochain et 70$US en 2010 (il a clôturé à 39,91$US hier sur le New York Mercantile Exchange). Ce qui est insuffisant à la rentabilité de bien des projets en Alberta, selon elle.

«L'ampleur des dépenses est tellement énorme que plusieurs de ces projets nécessitent un coût du baril de 90$ pour obtenir un rendement raisonnable sur l'investissement.»

De son côté, le secteur canadien de la foresterie connaîtra une autre année difficile en 2009, souligne Mme Mohr, en raison du fort recul des mises en chantier aux États-Unis. Idem pour les pâtes et papiers. L'économiste prévoit une nouvelle baisse de la production dans les usines de papier journal... et donc de nouvelles fermetures.

«Les producteurs vont se battre férocement pour demeurer rentables, après tous les efforts qu'ils ont dû mettre pour retrouver la rentabilité», dit-elle.

Note positive, quelques produits de base s'en tirent bien, souligne Mme Mohr. L'or (une valeur refuge) et la potasse (encore à des niveaux records), tout comme l'uranium et le pétrole (sur un horizon de deux ans), devraient ainsi faire bonne figure en 2009.