Effet direct de la crise du crédit, les Canadiens doivent recommencer à épargner pour s'acheter une maison. Et bonne chance aux mauvais payeurs! Les prêteurs hypothécaires ont resserré leurs conditions de crédit.

Effet direct de la crise du crédit, les Canadiens doivent recommencer à épargner pour s'acheter une maison. Et bonne chance aux mauvais payeurs! Les prêteurs hypothécaires ont resserré leurs conditions de crédit.

«Même si ce n'est pas dramatique au Canada, l'accès au crédit est plus difficile», confirme Mathieu D'Anjou, économiste principal chez Desjardins.

Il est vrai que la Banque du Canada a été forcée de réduire son taux directeur à cause du ralentissement économique. Mais les emprunteurs n'en ont pas profité. Les taux hypothécaires sont aussi élevés que l'année dernière. Les primes de risque sur le marché obligataire, c'est-à-dire l'écart de taux entre un prêt totalement sécuritaire et un prêt plus risqué, se sont élargies. «Les coûts de financement des banques ont augmenté. Ça s'est répercuté partout, sur tous les prêts», explique M. D'Anjou.

À la mi-juillet, Ottawa a aussi serré la vis du marché hypothécaire, pour éviter un cauchemar comme aux États-Unis. Désormais, il faut une mise de fonds d'au moins 5% de la valeur de la maison pour obtenir une hypothèque assurée par le gouvernement (SCHL). Depuis 2006, il était possible d'acheter une maison 100% à crédit. En outre, les acheteurs doivent faire leur deuil des prêts amortis sur 40 ans, afin de réduire les mensualités au minimum. Ottawa a ramené la limite à 35 ans.

La plupart des banques se sont déjà adaptées, même si les mesures fédérales n'entrent en vigueur qu'en octobre.

«Ces produits commençaient à être très populaires auprès des premiers acheteurs», souligne Lorraine Trudeau, directrice du centre de prêts chez le courtier hypothécaire Multi-Prêts.

Avec l'augmentation du prix des maisons, il était plus difficile d'amasser une mise de fonds suffisante. Ceux qui n'avaient pas assez d'économies se disaient: «Pourquoi attendre trois ans? Pendant ce temps-là, les prix vont encore monter», ajoute Mme Trudeau.

Maintenant, les ménages devront patienter, épargner... et être plus raisonnables. Les banques deviennent plus frileuses face aux surendettés.

Pour déterminer la valeur maximale d'une hypothèque, les banques utilisent toutes le même ratio: l'endettement total de l'emprunteur (remboursement de toutes les dettes, versements hypothécaires, chauffage, taxes, assurances, etc.) ne doit pas excéder 40% de son revenu brut (avant impôt).

Certaines banques avaient étiré cette limite jusqu'à 44% pour les emprunteurs qui avaient un bon dossier de crédit. Elles font maintenant marche arrière.

Mais ce sont surtout les mauvais payeurs qui frapperont un mur.

Plusieurs prêteurs alternatifs, comme GMAC, GE Money et Xceed, qui offraient des hypothèques à risque (subprimes), ont carrément fermé leurs portes au Québec.

Ceux qui restent en affaires sont devenus beaucoup plus sévères. Les programmes qui permettaient à des travailleurs autonomes d'obtenir une hypothèque sans fournir de preuve de revenu, sont en voie de disparition. Même chose pour ceux qui donnaient la chance de s'acheter une maison six mois à peine après avoir été libérés d'une faillite.

«Maintenant, il faut attendre au moins deux ans et rebâtir son crédit», dit Mme Trudeau.

L'univers du prêt de dernier recours a fondu.