Si le marché de l'habitation et du prêt hypothécaire aux États-Unis est tombé en panne sèche, celui du Canada file encore à fière allure.

Si le marché de l'habitation et du prêt hypothécaire aux États-Unis est tombé en panne sèche, celui du Canada file encore à fière allure.

Après 11 mois, cette année, le nombre de mises en chantier est en hausse de 2,7 % par rapport à 2006, qui était déjà une très bonne année. Aux États-Unis, elles sont en chute de 24,6 % depuis un an et de 48,2 % depuis leur sommet de janvier 2006. Le prix des maisons neuves y est aussi à la baisse alors qu'il continue d'augmenter au Canada.

Le marché de la revente reste florissant de ce côté-ci de la frontière. Le prix moyen des maisons vendues à Montréal devrait s'apprécier encore de 3,5 % en 2008, selon une étude publiée la semaine dernière par Royal LePage.

La hausse moyenne sera aussi de 3,5 % à l'échelle canadienne et aucune région ne devrait essuyer de recul.

Bien sûr, la confiance du consommateur canadien y est pour beaucoup. Son pouvoir d'achat grandit grâce à une monnaie forte et à un revenu disponible qui progresse plus vite que l'inflation.

La structure différente du marché canadien des prêts hypothécaires éveille par ailleurs la prudence des emprunteurs. Au Canada, l'amortissement d'un prêt hypothécaire se fait en général sur 25 ans plutôt que 30 comme c'est le cas chez l'Oncle Sam.

Les intérêts ne sont pas déductibles des revenus aux fins de l'impôt. Cela incite l'emprunteur à rembourser plus vite un prêt qu'il voudra le plus petit possible.

Aussi, comme leurs versements sont en général prélevés dans un compte client ouvert chez l'institution prêteuse, il est plus difficile pour les emprunteurs de se soustraire à leurs obligations.

Les emprunteurs canadiens privilégient en outre les hypothèques de type fermé, plus stables, ce qui les met à l'abri d'augmentations subites en période de haute volatilité.

Rares ont été chez nous les promotions pour appâter l'emprunteur. Une étude récente de Standard & Poor's sur la santé financière des banques canadiennes estimait d'ailleurs à seulement 5 % les prêts hypothécaires à risque.

En outre, ces prêts ont été consentis en grande partie par des institutions non bancaires comme Xcess ou Coventree, qui se sont financées en émettant du PCAA. Ces deux entreprises pourraient devoir déposer leur bilan d'ici peu.

Les banques canadiennes détiennent en revanche dans leur portefeuille du PCAA qui a pu être émis par d'autres institutions ou par des filiales présentes aux États-Unis. La Banque Nationale et la CIBC paraissent les plus exposées.

Cette dernière a annoncé encore la semaine dernière qu'elle devrait sans doute radier encore deux milliards américains de mauvaises créances liées aux prêts à risque.

Les détenteurs de PCAA non émis par les banques canadiennes ont quand même une épine au pied. Ils ne peuvent encaisser leurs titres, gelés depuis la mi-août. Cela tient à une particularité de la loi canadienne.

Elle prévoit que les émetteurs sont tenus de racheter leurs titres seulement en cas de « perturbation majeure » du marché.

La crise mondiale a éclaté en août après que deux fonds à risque européens eurent été incapables de donner une valeur marchande à leur papier. Les avocats des émetteurs non bancaires sur le marché canadien ont alors plaidé qu'il n'y avait pas perturbation majeure.

Contester leurs prétentions équivalait à porter l'affaire devant les tribunaux et à retarder de plusieurs mois tout dénouement.

C'est ce qui a incité la Caisse de dépôt et placement à réunir les parties pour tenter de dénouer l'impasse. Comme l'a révélé La Presse, la Caisse détient à elle seule plus de 13 des 33 G de PCAA non bancaire gelé depuis août.

Ses efforts ont abouti à la proposition de Montréal qui vise à créer un marché secondaire pour de nouvelles obligations garanties par ce PCAA. Ses modalités ont été enfin connues hier, après deux reports.