Les romans d'Isaac Asimov, où des cités entières sont peuplées par des robots, sont une vision futuriste qui n'arrivera pas de notre vivant. Mais les robots industriels prennent leur place dans les usines de PME, où ils participent à la fabrication de produits utilisés dans toutes les facettes de notre vie. Et même au delà.

Les romans d'Isaac Asimov, où des cités entières sont peuplées par des robots, sont une vision futuriste qui n'arrivera pas de notre vivant. Mais les robots industriels prennent leur place dans les usines de PME, où ils participent à la fabrication de produits utilisés dans toutes les facettes de notre vie. Et même au delà.

Par exemple, quand vous mourrez, le lit de votre dernier repos pourrait avoir été fabriqué par un robot.

Chez Cercueils Concept, à Saint-Édouard-de-Lotbinière, près de Québec, c'est un robot qui peint les cercueils à la fin de la chaîne de montage. Puis, un autre robot prend les pièces finies et va les stocker dans un entrepôt où le séchage commence. «Il n'y a personne dans l'entrepôt, aucun humain n'y travaille, sauf quand il y a de l'entretien à faire sur le robot», dit Jean-François Houde, 38 ans, qui dirige l'entreprise familiale.

D'ici peu, un troisième robot, ébéniste celui-là, s'ajoutera au robot peintre et au robot manutentionnaire.

Pourtant, même s'il a trois robots industriels, Jean-François Houde ne préside pas une multinationale. «Chez Cercueils Concept, nous sommes une cinquantaine, en comptant les employés de bureau. Notre chiffre d'affaires est autour de 6 millions. Nous sommes encore une petite compagnie.»

L'entreprise familiale de M. Houde n'est pas une exception, dit Luc Vanden-Abeele, conseiller en automatisation/robotisation au Centre de recherches industrielles du Québec (CRIQ). «Les robots sont de moins en moins chers, et nous sommes à un moment historique où on les voit faire leur entrée dans les PME dans de nombreux pays», dit M. Vanden-Abeele.

Il y a quelques années à peine, seules les très grandes firmes, surtout dans l'automobile et l'électronique, avaient les moyens de se payer des robots. «Ce n'est plus vrai, dit M. Vanden-Abeele. On voit de plus en plus d'automatisation et de robotisation dans de petites compagnies.»

Sylvain Rodier, président de l'intégrateur IMAC, de Brossard, a installé des robots complexes dans de très grandes usines, comme celle de General Electric à Bromont, qui produit des pièces de moteurs d'avions. Mais il fait aussi des projets pour des clients bien plus petits.

«Le coût des robots est rendu tellement bas qu'ils sont maintenant accessibles à des petites firmes de 10 employés, dit-il. Un petit robot industriel coûte entre 17 000$ et 20 000$.» Pour 25 000$ de plus, un intégrateur comme IMAC va programmer et outiller le robot pour un travail simple (manutention, soudure, etc.), et assurer la sécurité des humains qui travaillent à proximité. «C'est l'équivalent d'un salaire annuel, une petite firme rentre dans ses frais très vite», dit M. Rodier.

Dans Lotbinière, Jean-François Houde, de Cercueils Concept, a d'abord donné un contrat à un intégrateur de Québec, AutomaTech, qui a conçu sur mesure un robot monté sur deux rails, un au sol, l'autre au plancher. Depuis 2002, le robot manutentionnaire circule tout seul dans une allée bordée par près d'un millier de cases. «On a construit la bâtisse autour du robot, dit M. Houde. Le logiciel du robot ne perd jamais rien, l'inventaire se fait automatiquement et à la fin, c'est le robot qui exécute chaque bon de commande et qui va porter les bonnes unités au quai de chargement, dans l'ordre inverse où le camion va les livrer.»

Les trois projets ne lui ont pas coûté une fortune. «Un million de dollars pour l'entrepôt et un quart de million pour l'atelier de peinture», dit M. Houde, qui s'attend à ce que le robot-ébéniste lui coûte un demi-million, au final. «On rentre dans nos frais assez rapidement et, surtout, ça nous aide à régler la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée.»

«Ça a réglé beaucoup de problèmes, on a épargné beaucoup d'argent juste en éliminant les livraisons erronées non payées, qu'on découvrait seulement à l'inventaire. Quand tu livres un cercueil de trop, ce ne sont pas tous les clients qui vont t'appeler pour te dire de venir le chercher, qu'ils en ont reçu un de trop, gratis».

M. Houde est emballé par sa dernière recrue, son robot ébéniste: «Il fabrique sur place, à partir de blocs et de planches de bois, les encoignures et les moulures ornementales. Plus besoin d'en stocker. Puis il les fixe tout seul sur la caisse du cercueil. Une option qui nous coûtait 4$, va baisser à 25 cents.»