Voyant la récession et une croissance «anémique» dans son tableau de bord, la Banque du Canada donne un nouveau coup de main à l'économie en abaissant son taux directeur d'un quart de point à 2,25%.

Voyant la récession et une croissance «anémique» dans son tableau de bord, la Banque du Canada donne un nouveau coup de main à l'économie en abaissant son taux directeur d'un quart de point à 2,25%.

À mi-chemin avec les prévisions des analystes consultés par l'agence Bloomberg, cette décision fait passer la baisse totale des taux à 2,25 points de pourcentage depuis moins d'un an.

Le taux directeur de la Banque du Canada était de 4,5% avant la première baisse en décembre dernier.

La banque centrale dit voir «trois grands facteurs interreliés» qui ont une influence marquée sur l'économie du pays.

Le premier ne surprendra personne: l'intensification de la crise financière au niveau international. Les tensions sur les marchés financiers, découlant de la crise, ont forcé les banques à réduire leur ratio de levier. Cela restreint la croissance économique.

Le mot qui commence par R et que plusieurs dirigeants de banques centrales détestent prononcer est aussi ressorti mardi matin.

«L'économie du globe semble se diriger vers une légère récession, provoquée par une économie américaine elle-même déjà en récession», écrit la Banque du Canada dans son communiqué.

Une autre lapalissade motive la baisse du taux directeur et c'est l'impact d'une baisse de prix des matières premières sur une économie qui en dépend largement. «Les perspectives concernant la croissance et l'inflation au Canada sont maintenant entachées d'une plus grande incertitude qu'à l'accoutumée», dit le communiqué.

L'annonce de mardi donne suite à la baisse concertée d'un demi-point annoncée le 8 octobre et à l'injection constante de liquidités sur le marché. Le tout vise à vaincre la crise du crédit, qui fragilise tant l'économie mondiale.

Une croissance «anémique»

Le long communiqué de la banque centrale adopte un ton plutôt sombre quant à l'impact potentiel des menaces citées pour abaisser le taux directeur.

Notamment, l'institution fédérale s'attend à une croissance «anémique» jusqu'au premier trimestre 2009. La croissance du PIB réel sera de 0,6% cette année, contre 1% prévu auparavant. Pour 2009 et 2010, les taux respectifs de croissance seraient de 0,6% et 3,4%.

L'indice de référence sur les prix à la consommation progresserait de moins de 2% jusqu'à la fin de 2010.

«Le resserrement considérable des conditions du crédit au Canada ces dernières semaines freinera les investissements des entreprises et les investissements dans le secteur du logement», indique le document.

«La baisse des prix des produits de base, qui donnera lieu à une détérioration des termes de l'échange du pays et ralentira la progression de la demande intérieure, entraînera aussi une dégradation des perspectives», dit aussi le communiqué.

Au moins, l'autorité monétaire souligne que la baisse du dollar canadien, qui oscillait autour de 84 cents US ces derniers jours, compense les effets d'une demande mondiale plus faible et des matières premières moins chères.

Le Rapport sur la politique monétaire sera publié par la Banque du Canada jeudi. La prochaine annonce sur les taux devrait avoir lieu le 9 décembre.