Les «lundis noirs» se multiplient à la Bourse de Londres qui a touché son plus bas niveau en quatre ans et connu sa plus forte chute depuis le 20 octobre 1987. Le gouvernement britannique a répété qu'il prendrait «toutes les mesures nécessaires» pour enrayer la crise.

Les «lundis noirs» se multiplient à la Bourse de Londres qui a touché son plus bas niveau en quatre ans et connu sa plus forte chute depuis le 20 octobre 1987. Le gouvernement britannique a répété qu'il prendrait «toutes les mesures nécessaires» pour enrayer la crise.

Après avoir fait la file pour retirer leur argent de la banque Northern Rock quand elle était au bord de la faillite il y a un an, voilà que les Britanniques font désormais la file pour y déposer leurs fonds. Ce qui a changé? Nationalisée, Northern Rock est désormais une des rares institutions britanniques dont les fonds sont entièrement protégés par le gouvernement.

Paniqués par les récents déboires des banques HBOS et Bradford&Bingley, les Britanniques se sont rués en nombre record pour transférer leurs comptes bancaires chez Northern Rock. Trop courue, la banque a même dû mettre fin à ses offres d'épargne les plus populaires la semaine dernière. L'institution nationalisée ne doit pas attirer plus de 1,5% des dépôts britanniques.

Alors que des gouvernements européens ont unilatéralement décidé de garantir à 100% les fonds de leurs banques, le Royaume-Uni a plutôt choisi d'augmenter une deuxième fois le montant des dépôts bancaires protégés à 100%. Après avoir fait passer le plafond de 4000$ à 70 000$ plus tôt cette année, il devait placer la barre à près de 100 000$, à partir d'aujourd'hui.

Devant le parlement, le ministre des Finances, Alistair Darling, a soutenu hier que cette augmentation allait protéger 98% des comptes bancaires britanniques en cas de nouvelle faillite. Qui plus est, il a promis que son gouvernement était prêt à prendre «toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité du système financier».

Alors que la Bourse de Londres connaissait sa plus forte chute depuis 1987 (-7,85%), le ministre a également soutenu que l'Autorité des services financiers pourrait hausser à nouveau le plafond des dépôts bancaires protégés à l'avenir.

Malgré tout, Karel Lannoo, responsable du Centre d'études pour les politiques européennes (CEPS), croit que ces tentatives pour protéger les épargnants arrivent bien tardivement. «Les gens n'ont plus confiance dans le système bancaire», a-t-il indiqué à La Presse Affaires.

Ce spécialiste du secteur bancaire pense également que les différentes mesures prises unilatéralement par les gouvernements européens créent plus de panique qu'elles n'apportent de solution. «En ce moment, c'est chacun pour soi et sauve qui peut», déplore-t-il.

À la recherche de solutions pour enrayer la crise, le gouvernement britannique a aussi commencé à laisser flotter l'idée que l'État prenne des parts au capital des banques du pays. Le but? Injecter de l'argent frais dans les banques afin qu'elles soient mieux à même de refaire circuler le crédit. L'opposition et la Banque d'Angleterre appuieraient l'idée, selon la presse anglaise.

Comme la semaine passée, c'est le secteur bancaire qui a entraîné la Bourse de Londres à la baisse. Les banques HBOS et RBS ont été durement touchées, perdant respectivement 20% et 21%. Le secteur pétrolier a également été sérieusement affecté. BP a ainsi perdu 8,2%, sa plus forte baisse en une journée depuis juin 1992.

Depuis le début de l'année, l'indice de la Bourse de Londres a perdu 29%. Comme l'a résumé un courtier londonien à Bloomberg: «Un autre lundi, une autre crise bancaire. Les lundis noirs étaient des événements qui arrivaient une fois pas décennie. Désormais, ils arrivent plus régulièrement qu'un autobus londonien.»