Les entreprises d'ici appréhendent un resserrement de leurs conditions de crédit découlant de la crise financière qui secoue les États-Unis.

Les entreprises d'ici appréhendent un resserrement de leurs conditions de crédit découlant de la crise financière qui secoue les États-Unis.

Et dans ce cas, elles risqueraient de réviser rapidement leur rythme d'activités et leurs projets d'investissement, accentuant les effets du ralenti économique déjà amorcé.

«Les revenus et les profits dans le secteur manufacturier, en particulier chez les exportateurs, sont sous pression depuis des mois, au point d'affecter leurs conditions de crédit. Si la crise financière américaine restreint le crédit d'affaires au Canada, des entreprises n'auront d'autre choix que de réduire davantage leurs activités et de retarder des projets», selon Jayson Myers, président des Manufacturiers et exportateurs canadiens.

Son adjoint au Québec, Jean-Luc Trahan, rapporte que des entreprises exportatrices déplorent déjà des conditions de crédit plus serrées avec leurs comptes d'exportations.

«C'est plus compliqué qu'il y a quelques mois avec les conditions de crédit pour des comptes recevables à l'étranger. C'est une conséquence de la crise financière aux États-Unis», affirme M. Trahan.

Quant aux autres services financiers aux entreprises, les effets de la crise de Wall Street semblent encore limités. Du moins, pour les entreprises pouvant se passer momentanément de nouveaux capitaux levés en Bourse.

«On espère tous que les conditions de crédit demeurent beaucoup moins affectées au Canada qu'elles ne le sont aux États-Unis. Car si ça se détériorait autant ici, sans doute que plusieurs entreprises devraient retarder, sinon annuler des projets d'investissement et de recherche-développement», selon Jean-Luc Trahan.

PME: impact limité pour l'instant

Parmi les PME québécoises, l'impact de la crise financière américaine sur leurs conditions bancaires s'avère encore «assez limité», signale Simon Prévost, directeur au Québec de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI).

Néanmoins, les appréhensions augmentent envers un éventuel resserrement des conditions de crédit.

«Notre dernière enquête parmi nos membres (mi-septembre) montre une légère augmentation de problèmes liés au crédit. Au moins, ça se passe encore relativement bien pour la grande majorité», dit M. Prévost.

Du côté des institutions financières, on affirme que la crise américaine n'aurait pas encore d'impact concret sur les critères de crédit pour les clients d'affaires.

«Nos analystes et directeurs de comptes d'entreprises n'ont pas modifié leurs critères d'examen des projets. C'est encore business as usual en ce qui nous concerne», a soutenu Denis Dubé, porte-parole de la Banque Nationale. Cette banque est la principale institution prêteuse parmi les entreprises québécoises.

Le message est plus nuancé chez Exportations et Développement Canada (EDC), la société d'État fédérale qui a le mandat de faciliter le crédit pour les entreprises exportatrices.

«Nous surveillons de près le dénouement de la crise du crédit aux États-Unis et son impact sur les marchés financiers. Mais pour le moment, nous n'observons pas de changement significatif des conditions bancaires pour le crédit à l'exportation», a indiqué Sandy Reid, vice-président, services financiers, chez EDC.

N'empêche, anticipant des tumultes financiers, la société fédérale a bonifié en juin dernier son «programme de garanties d'exportations» pour les entreprises canadiennes.

L'EDC a rehaussé de 75% à 90% son taux de garantie pour les transactions jusqu'à 500 000$, et de 50% à 75% pour les transactions jusqu'à 10 millions de dollars.

À sa dernière année complète, ce programme a totalisé 230 millions de dollars en garanties d'exportations parmi 200 entreprises et 30 institutions prêteuses.

Le nombre d'entreprises participantes a quadruplé depuis 2003.