L'économie canadienne va profiter du grand plan de sauvetage de Wall Street par le gouvernement des États-Unis, et ce, "sur le bras" des contribuables américains.

L'économie canadienne va profiter du grand plan de sauvetage de Wall Street par le gouvernement des États-Unis, et ce, "sur le bras" des contribuables américains.

C'est ce qu'a soutenu Jeff Rubin, économiste et stratège en chef de CIBC Marchés mondiaux, dans une allocution prononcée hier à Montréal dans le cadre de la Conférence sur les investisseurs institutionnels de l'est du Canada.

«Pour l'économie canadienne, qui est fortement axée sur les produits de base, et particulièrement l'énergie, le sauvetage effectué par le Trésor américain est sans conteste une bonne nouvelle», dit l'économiste.

«Après tout, les contribuables canadiens ne sont pas tenus de payer la note, et les sociétés canadiennes du secteur des ressources et de l'énergie profiteront de la stabilité apportée aux marchés financiers et des perspectives plus optimistes qui s'annoncent pour la croissance mondiale.»

Selon l'économiste reconnu pour ses prévisions audacieuses dans le secteur pétrolier, la croissance économique du Canada, des États-Unis et des autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) reprendra en 2009, après un arrêt jusqu'à la fin de l'année.

Cela mettra de la pression sur les prix des produits de base et des ressources. Cela comprend évidemment le pétrole, que M. Rubin voit à un prix de 150 $US le baril dans la deuxième moitié de 2009. Et le TSX voguera vers les 14 000 points en 2009.

M. Rubin se fait plutôt critique face au plan de sauvetage américain. «Le coût de cette solution est très clair. Des déficits plus élevés peuvent uniquement entraîner des impôts plus élevés et une hausse de l'inflation peut uniquement entraîner des taux d'intérêt plus élevés. Les deux sont en voie de se concrétiser dans l'économie américaine.»

L'inflation dépassera 6% dans la seconde moitié de 2009, et la Réserve fédérale augmentera les taux d'intérêt de l'ordre de 200 points centésimaux avant l'arrivée de 2010, soutient l'économiste.

Au Canada, comme les taux sont déjà un peu plus élevés, la hausse des taux d'intérêt ne devrait pas dépasser 100 points de base.

Toujours le pétrole

Même si son discours d'une demi-heure devait principalement porter sur les conséquences du sauvetage de Wall Street, Jeff Rubin a rapidement bifurqué vers son dada: le marché pétrolier.

Il a délaissé son texte, s'est éloigné de son lutrin et s'est promené d'un côté à l'autre de l'estrade, les mains sur les hanches, discourant longuement sur le sujet qui le fait vibrer.

Il a repris le même refrain que lorsque La Presse Affaires l'avait rencontré, en juin dernier: consommation effrénée de pétrole des pays producteurs, la hausse des prix en Occident, les gens quitteront la route, un baril qui atteindra 200 $US, les coûts de transport qui augmenteront, etc.

Visiblement, le fait d'avoir révisé à la baisse ses prévisions il y a quelques jours ne change pas le ton de Jeff Rubin.

En juin, M. Rubin voyait le TSX à 15 250 points en 2009, mais ne le voit plus qu'à 14 000 points. Il prévoyait le pétrole à 200$US en 2010, mais cette projection ne tient plus officiellement, même s'il l'évoque en entrevue.