La banque d'affaires américaine Goldman Sachs, dont l'avenir paraissait incertain après la disparition de plusieurs de ses rivales, a fait valider sa stratégie d'indépendance par l'icône des marchés boursiers, Warren Buffett, qui va lui apporter 5 milliards de dollars.

La banque d'affaires américaine Goldman Sachs, dont l'avenir paraissait incertain après la disparition de plusieurs de ses rivales, a fait valider sa stratégie d'indépendance par l'icône des marchés boursiers, Warren Buffett, qui va lui apporter 5 milliards de dollars.

À travers sa holding Berkshire Hathaway, le milliardaire d'Omaha (centre des États-Unis) va souscrire des actions préférentielles perpétuelles portant un intérêt annuel de 10%, a annoncé Goldman Sachs dans un communiqué.

M. Buffett va également recevoir des warrants qui lui permettront à tout moment, dans les cinq prochaines années, de souscrire pour cinq milliards supplémentaires, en actions ordinaires, au prix de 115 dollars par titre.

Goldman Sachs a aussi manifesté son intention de lever «au moins» 2,5 milliards de dollars sur le marché, un exercice auquel peu se sont risqués en cette période de tempête boursière pour les valeurs financières.

Dans les échanges électroniques suivant la fermeture de la séance officielle de Wall Street, le titre Goldman Sachs bondissait de 8,12%, à 135,20 dollars, le marché appréciant de voir la stratégie du groupe ainsi confirmée.

Goldman Sachs est la plus grosse banque d'affaires de Wall Street, la plus prospère et la plus admirée. Mais c'est aussi la dernière de son espèce, avec Morgan Stanley, après l'absorption de Bear Stearns par JPMorgan Chase en mars, le dépôt de bilan de Lehman Brothers et le mariage à la hussarde de Merrill Lynch avec Bank of America au début de la semaine dernière.

Nombre d'analystes ont alors souligné que les banques d'affaires, qui doivent se refinancer sur les marchés, étaient condamnées à s'adosser des banques à réseau, qui peuvent puiser dans les dépôts de leurs clients.

Certains avaient ainsi évoqué la possibilité d'un mariage de Morgan Stanley avec la banque Wachovia. Mais Goldman Sachs, qui est toujours resté bénéficiaire pendant la crise, n'avait pas été touché par les rumeurs.

L'investissement de M. Buffett suit de près l'annonce que Goldman Sachs et Morgan Stanley seront désormais supervisés par la Réserve fédérale, ce qui leur assure le soutien sans faille de la banque centrale, mais implique une plus grande prudence dans la marche de leurs affaires... et la certitude que les extraordinaires profits des dernières années ne pourront plus être répliqués.

«Goldman Sachs est une institution exceptionnelle», a expliqué M. Buffett, probablement l'investisseur le plus révéré dans la sphère boursière mondiale.

La banque d'affaires «a une présence mondiale sans rivale, une équipe de direction fournie et aguerrie, et le capital financier et intellectuel pour continuer à surperformer comme par le passé», a-t-il ajouté.

M. Buffett, 78 ans, est connu pour son mode de vie frugal et simple, aux antipodes de celui des banquiers de Wall Street. Mais c'est aussi un investisseur avisé, capable de voir les plus-values potentielles et de prendre une décision très rapidement. Il vient ainsi de souffler à EDF l'électricien Constellation, tête de pont de l'industrie nucléaire française aux États-Unis.

Cité dans le communiqué, le PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein a vu dans l'investissement du «sage d'Omaha» une «validation des perspectives futures» de son groupe. Les sommes apportées «vont encore renforcer des fonds propres et une liquidité déjà solides», a précisé M. Blankfein.