Chemise Empire de Louiseville est dans une classe à part. Cette entreprise, fondée il y a 113 ans, est encore dirigée par les descendants de la famille Béland. Un record dans le secteur des PME manufacturières québécoises.

Chemise Empire de Louiseville est dans une classe à part. Cette entreprise, fondée il y a 113 ans, est encore dirigée par les descendants de la famille Béland. Un record dans le secteur des PME manufacturières québécoises.

L'entreprise impose le respect. Surtout dans la foulée de la mondialisation où le secteur québécois du textile et du vêtement est malmené par la concurrence étrangère. Ces dernières années, les pertes d'emplois dans le secteur se chiffrent par dizaines de milliers.

Au lieu de pleurer sur le sort de l'industrie, Chemise Empire en tire avantage. Elle utilise la main-d'oeuvre bon marché des pays émergents pour se maintenir à flot. Pas question de rendre les armes comme ce fut le cas dans les années 60, alors que la PME avait dû se résoudre à fermer son usine de pyjamas à Grand-Mère.

«Entre 10 et 15% de notre production vient d'Asie. Ça baisse nos coûts de production et ça nous permet d'être plus compétitifs. Mais surtout, ça nous permet de maintenir nos activités au Québec. L'abolition des quotas en 2005 aurait pu nous faire encore plus mal, mais on s'y préparait depuis 10 ans», explique René St-Amant, président de l'entreprise de 130 employés.

M. St-Amant est le conjoint de l'arrière-petite-fille de Joseph-Édouard Béland, le fondateur de Chemise Empire. Le couple a quatre enfants. L'homme d'affaires se dit convaincu que la cinquième génération de Béland sera au rendez-vous pour prendre la relève.

La PME se spécialise dans la confection de chemises d'entreprise, militaires, etc. Elle compte notamment comme clients la Défense nationale, FedEx, la GRC et Air Canada. L'entreprise produit près de 500 000 chemises annuellement. Elle en écoule 95% au Canada. Ses ventes avoisinent les 10 millions.

Chemise Empire profite également de la faiblesse du billet vert. Elle achète sa matière première à l'étranger (donc en dollar américain) et vient de se doter d'équipements dernier cri pour la coupe de ses tissus. Un investissement d'environ un demi-million.

«Mon objectif, c'est que dans 25 ans, l'entreprise soit encore là», dit René St-Amant.

Avec ses nouveaux équipements, elle compte élargir ses activités. Cette année, elle a fait la coupe (et non l'assemblage complet) de 250 000 pantalons. L'opération a été un succès. La PME prévoit ainsi se lancer dans la confection de pantalons de style cargo à la demande de certains corps policiers.

La PME est «pro-active», comme le veut l'expression à la mode. La pénurie de couturières étant inéluctable, Chemise Empire automatise peu à peu ses équipements de couture.

«Des gens qui ne savaient même pas utiliser un guichet automatique savent maintenant opérer une machine à coudre électronique», s'enthousiasme René St-Amant.