Pour la première fois en cinq ans, le taux annuel d'inflation était plus élevé au Canada qu'aux États-Unis, le mois dernier.

Pour la première fois en cinq ans, le taux annuel d'inflation était plus élevé au Canada qu'aux États-Unis, le mois dernier.

L'Indice des prix à la consommation (IPC) a ralenti de 0,3%, d'octobre à novembre, faisant reculer la croissance annuelle des prix de 2,6% à 2%, a indiqué hier Statistique Canada. Au Québec, le rythme annuel d'inflation n'est plus que de 1,4%.

Aux États-Unis, les prix ont plongé de 1,7 point de pourcentage le mois dernier portant le taux annuel d'inflation à 1,1%. Cette rapide décélération attise même les craintes que la présente récession n'engendre une spirale déflationniste.

Ce n'est pas le cas chez nous. Quand on exclut les huit composantes les plus volatiles de l'IPC comme le fait la Banque du Canada pour évaluer les tendances de fond dans le mouvement des prix, on observe un bond mensuel de 0,7%. Il porte de 1,7% à 2,4% la progression annuelle de son indice de référence.

«Cela montre que le Canada est bien moins vulnérable à la déflation à court terme pour deux raisons: des dépenses plus robustes et une monnaie plus faible», fait remarquer Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux.

La décélération observée des deux côtés de la frontière se résume en un mot: l'essence. Son prix a plongé de 21,4% d'octobre à novembre de ce côté-ci de la frontière. Comme le signale l'agence fédérale, le prix moyen du baril de pétrole était de 94,62$US en novembre 2007, mais de 57,44$US seulement le mois dernier. La baisse n'est pas terminée si on prend ce barème. Hier, le prix du brut a flirté avec les 33$US.

En revanche, le prix des aliments est en forte hausse de ce côté-ci de la frontière, en bonne partie à cause de la faiblesse du dollar canadien qui se négociait au-delà de la parité en novembre 2007. En un an, ils ont progressé de 7,4%, soit la hausse la plus forte en 22 ans. Les prix des légumes frais, importés pour la plupart en cette saison, ont été propulsés de 28,9% en un an et de 15,4% en un seul mois.

Les légumes frais pèsent plus lourd que l'essence dans l'IPC.

«Faire le plein coûtait moins cher en novembre, mais il fallait dépenser bien plus pour se remplir l'estomac», résume Avery Shenfeld, économiste chez CIBC Marchés mondiaux.

L'autre surprise

L'autre grande surprise dans les données de novembre venait du côté des véhicules neufs, achetés ou loués.

C'est en novembre que l'agence fédérale prend en compte dans le calcul des prix les nouveaux modèles, alors arrivés chez les concessionnaires.

Or, ils ont bondi de 7,9%.

Il s'agit de la hausse la plus forte depuis 1959, fait remarquer Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale.

Les stocks d'invendus l'incitent à croire que des rabais seront bientôt affichés en vitrine.

Fait à signaler cependant, en novembre 2007, les prix des voitures avaient plongé significativement par suite des plaintes des consommateurs qui exigeaient les mêmes prix qu'aux États-Unis étant donnée la parité des monnaies.

Les services

En outre, si l'évolution annuelle des prix des biens était contenue à 0,5% le mois dernier, celle des services évoluait au rythme de 3,3%.

«En somme, ces données compliquent la perspective de la Banque du Canada car son indice de référence pourrait demeurer au-dessus des 2,0% pendant plusieurs mois, juge Charmaine Buskas, économiste chez TD valeurs mobilières. Si nous restons convaincus qu'elle va encore réduire son taux directeur en janvier, la coupe sera peut-être moins forte.»