Les deux grandes compagnies pétrolières britanniques Royal Dutch Shell et BP, numéros un et deux en Europe, ont annoncé mardi des résultats trimestriels dépassant les prévisions, malgré une production stable, suscitant des critiques.

Les deux grandes compagnies pétrolières britanniques Royal Dutch Shell et BP, numéros un et deux en Europe, ont annoncé mardi des résultats trimestriels dépassant les prévisions, malgré une production stable, suscitant des critiques.

Une fois n'est pas coutume, les deux géantes ont publié leurs résultats le même jour, avec des caractéristiques similaires: des bénéfices nets en progression de 25% pour Shell à 9,1 milliards US, et de 63,4% pour BP à 7,6 milliards US, enfonçant les prévisions d'analystes, mais des productions quasi inchangées.

Celle de Shell a progressé de 0,4% à 3,5 millions de barils par jour et celle de BP a été stable à 3,9 millions de barils par jour.

Shell a justifié cette stagnation par les attaques de rebelles dans le delta du Niger, au Nigeria, tandis que BP a indiqué que sa production ne pourrait pas progresser cette année avec un baril à plus de 100$ US, car les prix élevés diminuent le volume de pétrole et de gaz attribués aux compagnies dans le cadre des contrats de partage de production.

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Ces bons résultats ont été salués par les commentateurs du secteur, qui y voient la réussite des stratégies engagées par les deux groupes.

Shell vient de se lancer dans un programme d'investissements géant, et ses résultats ont été qualifiés «d'excellents» par le courtier Cazenove, tandis que la maison de courtage Hargreaves Lansdown a qualifié ceux de BP «d'exceptionnels», estimant qu'ils montraient peut-être que «les défis (qui pesaient sur le groupe) avaient été remportés».

Après avoir affronté divers problèmes aux États-Unis depuis 2005 dont une explosion dans une raffinerie faisant 15 morts, et le départ précipité de son ancien patron John Browne en mai dernier, le groupe s'est en effet relancé cette année sous la houlette de son nouveau directeur général Tony Hayward.

Mais dans les rues britanniques mardi, la bonne fortune des pétrolières était loin de faire l'unanimité, au moment où les ménages se plaignent de la hausse persistante de leurs factures de gaz et d'électricité, et où une grève sur les salaires dans une raffinerie écossaise a précipité tout le week-end les automobilistes dans les stations-services, contribuant à pousser le baril à un nouveau record à près de 120$ US à New York lundi.

Tandis que la presse populaire s'offusquait des profits de Shell et BP, Graham Tran, représentant du syndicat Unite, a qualifié ces résultats de «gifle pour les 180 employés de Shell qui se sont entendus dire il y a moins d'une semaine qu'ils étaient licenciés».

Le président de l'Automobile Association, Edmund King, a estimé que les conducteurs étaient «meurtris de tous côtés » entre « les compagnies pétrolières qui se mettent de l'argent plein les poches et le ministère des Finances qui remplit ses coffres».

Le premier ministre Gordon Brown a espéré qu'une part des bénéfices de BP et Shell serait réinvestie dans la recherche pétrolière en mer du Nord.

Il a également assuré que le gouvernement comptait prendre des mesures pour contenir l'envolée des factures d'électricité pour les retraités et les ménages à bas revenus.