L'Institut économique de Montréal, réputé pour ses études chocs, s'attaque au système de gestion de l'offre en matière agricole, affirmant que ce sont les consommateurs, au premier chef, qui sont ainsi victimes de prix artificiellement élevés.

L'Institut économique de Montréal, réputé pour ses études chocs, s'attaque au système de gestion de l'offre en matière agricole, affirmant que ce sont les consommateurs, au premier chef, qui sont ainsi victimes de prix artificiellement élevés.

La Fédération des producteurs de lait riposte, mettant carrément en doute la crédibilité de l'étude, ses calculs et ses conclusions.

Quant au gouvernement fédéral, il continue de défendre ce système de gestion de l'offre.

Dans une note publiée jeudi, le vice-président de l'Institut économique de Montréal, Marcel Boyer, soutient que ce système qui permet aux agriculteurs de gérer leur production et, par le fait même, de stabiliser leurs revenus, est désuet.

L'économiste en chef de l'institut estime que ce système de gestion de l'offre pour les oeufs, le lait et la volaille ne peut carrément plus se justifier dans le contexte actuel de mondialisation des échanges.

En entrevue, M. Boyer a même soutenu que le maintien du système de gestion de l'offre nuisait à la réputation du Canada sur la scène internationale, à cause de son «double discours» puisqu'il prêche également en faveur de l'ouverture des marchés.

L'économiste prône le libre marché pour ces produits alimentaires, instauré graduellement.

En comparant les prix de certaines de ces denrées pendant une période donnée dans des villes du Canada et des Etats-Unis, M. Boyer conclut que le système de gestion de l'offre coûte 75 $ par année au consommateur québécois.

À la Fédération des producteurs de lait du Québec, le directeur des communications Jean Vigneault dénonce le «caractère tordu de la démonstration» de l'Institut économique.

Il conteste même les chiffres, affirmant que si l'on compare les prix de ces mêmes denrées sur une plus longue période, on constate, au contraire, que le système est à l'avantage des consommateurs canadiens.

En entrevue, la directrice générale de la fédération, Guylaine Gosselin, signale que dans d'autres pays qui ont déréglementé leur industrie agricole, comme la Nouvelle-Zélande, cela a au contraire entraîné une augmentation des prix pour les consommateurs.

Mme Gosselin ajoute que le libre marché tel que suggéré par l'Institut économique «va à l'encontre des courants actuels, où les gens souhaitent consommer davantage localement, pour des raisons de sécurité alimentaire et de bio-sécurité, mais aussi pour des raisons environnementales» en réduisant le transport des aliments.

L'invitation de l'Institut économique à libéraliser le marché agricole canadien n'a pas trouvé écho non plus au gouvernement fédéral.

Le secrétaire d'Etat à l'Agriculture Christian Paradis a vite fait savoir qu'il ne comptait nullement remettre en cause le système canadien de gestion de l'offre, n'en déplaise à l'institut. Il croit fermement au «bien-fondé de ce système-là».

«Ça fait 30 à 40 ans que le système est en place et ça aide au maintien des fermes, surtout dans l'est du pays, des fermes familiales. Egalement, ça assure un produit de qualité au consommateur et un revenu stable au producteur. Ca assure une stabilité», tranche M. Paradis.