Les baisses d'impôts de 950 M$ auxquelles se sont engagés les libéraux il y a à peine une semaine sont effectivement compromises.

Les baisses d'impôts de 950 M$ auxquelles se sont engagés les libéraux il y a à peine une semaine sont effectivement compromises.

Le premier ministre Jean Charest défend toujours sa promesse, mais il reconnaît que son gouvernement devra entreprendre des «discussions» avec l'ADQ et le PQ qui s'opposent à son engagement.

Hier, au lendemain des élections générales, les chefs de l'ADQ, Mario Dumont, et du PQ, André Boisclair, ont souligné que les libéraux devront revoir leur plan et renoncer à leur promesse telle qu'elle a été annoncée. Mais aucun des deux n'a voulu s'engager dès maintenant à voter contre un budget libéral qui contiendrait les baisses d'impôts promises.

«M. Charest doit prendre aujourd'hui acte des résultats, a affirmé Mario Dumont. C'est une promesse qui a été mal accueillie par les Québécois. On va laisser au premier ministre le soin de prendre ses décisions, de regarder ses chiffres, et de nous faire des annonces en temps opportun», a-t-il expliqué. La réduction de la dette est à ses yeux une mesure plus urgente qu'un allègement fiscal.

Pour André Boisclair, Jean Charest doit «tirer des leçons de la campagne» et «apporter certaines modifications à sa stratégie» au sujet des baisses d'impôts.

En campagne électorale, les deux chefs ont déploré que Jean Charest se serve des 700 millions d'argent frais provenant d'Ottawa pour bonifier sa promesse d'allègement fiscal, qui s'élevait à 250 millions au départ.

Au cours de sa conférence de presse, le premier ministre n'a pu garantir que les Québécois auront droit aux 950 millions de baisses d'impôts à compter du 1er janvier 2008 comme prévu. MM. Dumont et Boisclair «vont vouloir en discuter, alors il y aura une discussion sur ces questions-là», a-t-il affirmé. Jean Charest tâtera le pouls des deux chefs lors de rencontres privées qui se tiendront dans les prochains jours.

Mais le premier ministre entend défendre sa promesse. «Nous voulons avoir une fiscalité compétitive au Québec. Ça me paraît essentiel pour la classe moyenne et pour qu'on puisse attirer de l'investissement, stimuler l'économie», a-t-il expliqué.

Selon lui, «ce ne serait pas logique» que l'opposition provoque rapidement la chute de son gouvernement et force la tenue d'élections au cours des prochains mois.

Responsable

Le chef libéral reconnaît qu'il est «le premier responsable» du recul enregistré par son parti lundi. Mais il nie que son leadership soit ébranlé. À ses yeux, il jouit toujours de la confiance des militants de son parti.

Le gouvernement Charest analysera au cours des prochains jours le «jugement sévère» que les Québécois ont rendu contre lui. «De toute évidence, il y a des messages là-dedans. Parmi les messages que je retiens, c'est qu'il faut qu'on soit à l'écoute et que notre approche puisse correspondre à ce que les gens de différentes régions du Québec espèrent de la part du gouvernement», a expliqué Jean Charest.

«La population nous envoie un signal sur notre façon de faire, sur peut-être certaines priorités qu'ils nous demandent de revoir, a-t-il ajouté. J'ai l'intention de travailler pour qu'on puisse répondre à cet appel.»

Pendant toute la durée de sa conférence de presse, le chef libéral a insisté sur la «situation inhabituelle» dans laquelle se retrouve son gouvernement, qui est minoritaire. Il a l'intention de travailler avec l'ADQ et le PQ pour «avoir un Parlement stable». Il s'attend à ce que les élus adéquistes et péquistes fassent preuve de «maturité» et d'un «sens du devoir».

Jean Charest réunit aujourd'hui son Conseil des ministres, celui qui était en fonction au moment de la dissolution de la Chambre. Le premier ministre formera un nouveau cabinet ministériel dans les prochains jours. Tous les candidats élus ou défaits du PLQ se rencontreront demain. L'Assemblée nationale sera convoquée début mai.