Même si Jean Coutu (T.PJC.A) s'est départi de ses pharmacies américaines, ses difficultés au pays de l'Oncle Sam ne sont pas terminées.

Même si Jean Coutu [[|ticker sym='T.PJC.A'|]] s'est départi de ses pharmacies américaines, ses difficultés au pays de l'Oncle Sam ne sont pas terminées.

La valeur de son placement dans Rite Aid, qui a acquis ses pharmacies en juin, a baissé de 57% depuis la clôture de la transaction.

Les pertes de Jean Coutu dans l'aventure Rite Aid s'élèvent maintenant à 945 millions US, dont 328 M$ US jeudi seulement alors que le titre de Rite Aid a chuté de 31,7% à la Bourse de New York.

Jean Coutu a acquis 32% des actions de Rite Aid, troisième pharmacien en importance aux États-Unis, quand la société québécoise lui a vendu ses 1850 pharmacies Brooks et Eckerd.

Le titre de Rite Aid se transigeait alors à 6,55 $ US. Jeudi à la fermeture, il ne valait plus que 2,80 $ US.

«Ce n'est pas dramatique mais c'est quand même inquiétant, dit Stephen Gauthier, président de Gauthier & Cie Gestion de placements. En même temps, on pouvait s'attendre à un tel scénario. Jean Coutu savait que l'intégration serait difficile car l'entreprise avait elle-même commencé l'intégration des pharmacies avant de les vendre à Rite Aid.»

La dégringolade boursière de Rite Aid n'inquiète pas le pharmacien québécois.

«Nous savions que les résultats de Rite Aid allaient souffrir un peu durant la période d'intégration des magasins Brooks et Eckerd, mais nous avons investi dans une perspective à long terme, dit André Belzile, premier vice-président aux finances et aux affaires corporatives du Groupe Jean Coutu. Nous sommes un actionnaire important de la troisième entreprise américaine dans un secteur appelé à se développer. C'est une position stratégique très intéressante.»

Intégration difficile

jeudi, le titre de Rite Aid a perdu 31,7% de sa valeur après l'annonce d'une deuxième révision à la baisse de ses prévisions financières pour 2008 et de résultats trimestriels décevants.

Au troisième trimestre de 2007, la société dont le siège social est situé à Camp Hill, en Pennsylvanie, a affiché une perte de 84,8 M$ US, comparativement à un profit de 1,1 M$ US à la même période l'an dernier.

Au cours du dernier trimestre, Rite Aid a remplacé les anciens produits de Brooks et Eckerd par ses marques privées. L'intégration des nouvelles pharmacies a coûté 200 M$ US à Rite Aid.

Et elle ne s'est pas faite sans heurts, selon l'analyste Keith Howlett, qui a visité plusieurs des anciennes pharmacies de Jean Coutu en Caroline du Nord.

«Rite Aid a choisi de remplacer chaque type de produits un après l'autre, dit l'analyste de Valeurs mobilières Desjardins. Il y avait donc toujours des rangées vides dans les pharmacies. Une semaine, il n'y a pas de chocolats. L'autre semaine, pas de produits contre la toux. La semaine suivante, pas de cartes de souhait. Rite Aid disait que c'était mieux ainsi, mais il aurait été préférable de faire l'intégration d'un seul coup. À mon avis, Rite Aid n'avait tout simplement pas assez d'argent pour le faire d'un seul coup.»

Le temps de vendre?

Le déclin du titre de Rite Aid inquiète plusieurs actionnaires de Jean Coutu.

«Beaucoup de gens aimeraient que Jean Coutu vende ses actions de Rite Aid mais la société ne fera rien avant la fin du processus d'intégration dans 18 mois, dit l'analyste Keith Howlett. Après, elle évaluera ses options.»

Le gestionnaire de portefeuille Stephen Gauthier est d'avis que Jean Coutu profitera d'une remontée du titre de Rite Aid afin de vendre une bonne partie de ses 252 millions d'actions.

«Jean Coutu va vendre à moyen ou à long terme, dit-il. La société ne détiendra pas les actions de Rite Aid indéfiniment.»

Confiance

Pour l'heure, le Groupe Jean Coutu réitère sa confiance à l'égard de Rite Aid.

«Nous n'avons pas l'intention de vendre nos actions», dit André Belzile, premier vice-président du Groupe Jean Coutu.

Jeudi, le titre de Jean Coutu a perdu 4,90% (60 cents), terminant la séance à 11,65$ à la Bourse de Toronto.