La rémunération du PDG de la Caisse de dépôt et placement, Henri-Paul Rousseau, a doublé en 2006 pour atteindre 1,65 M$.

La rémunération du PDG de la Caisse de dépôt et placement, Henri-Paul Rousseau, a doublé en 2006 pour atteindre 1,65 M$.

Cette information est dévoilée dans le rapport annuel 2006 de la Caisse, rendu public jeudi.

C'est le conseil d'administration de la Caisse qui a accordé cette forte hausse de salaire à M. Rousseau.

Il lui a octroyé un paiement spécial de 728 310 $ «afin de reconnaître la performance supérieure réalisée par la Caisse», est-il écrit dans un des documents du rapport annuel, qui fait 667 pages.

La Caisse de dépôt, rappelons-le, a réalisé un rendement de 14,6 % au cours de l'exercice terminé le 31 décembre 2006, terminant dans le premier quartile des caisses de retraite canadiennes.

Sur trois ans, le rendement moyen a été de 13,8 %, ce qui la classe parmi les meilleurs 5 % des caisses canadiennes.

Outre ce paiement spécial, la rémunération de M. Rousseau en 2006 a été constituée d'un salaire de base de 473 800 $, d'une prime annuelle de 142 140 $, d'une rémunération à long terme (253 000 $) et de divers autres éléments (50 564 $).

Les paramètres de la rémunération du grand patron de la Caisse sont fixés par le gouvernement du Québec, mais le conseil d'administration de la Caisse a la discrétion d'accorder un paiement additionnel, basé sur le rendement de la Caisse sur plusieurs années.

C'est ce qui explique le paiement de 728 210 $.

L'an dernier, Henri-Paul Rousseau n'avait pas eu droit à cette somme et sa rémunération globale s'était élevée à 893 734 $. Cette absence de prime spéciale a fait en sorte que M. Rousseau a été payé moins l'an dernier que certains de ses subalternes.

Cette année, le premier vice-président, immobilier, Fernand Perreault, a touché l'équivalent de 1,24 million de dollars pour son travail, soit à peu près l'équivalent de l'an dernier.

Le chef de la direction des placements, Richard Guay, a obtenu 1,02 million et le premier vice-président, placements privés, Normand Provost, 966 544 $.

Fait à préciser, les montants auxquels nous faisons référence équivalent à la valeur octroyée durant l'année 2006. En réalité, les sommes encaissées peuvent différer, puisqu'elles comprennent des valeurs octroyées au cours des années précédentes.

Par exemple, Henri-Paul Rousseau a encaissé 1,88 million en 2006, mais sa rémunération attribuée pour 2006 est en fait de 1,65 million.

La Caisse affirme qu'elle n'a pas le choix de verser de telles payes si elle veut attirer, retenir et motiver des employés hautement compétents.

«Longtemps perçue comme l'école de placement au Québec, la Caisse a souvent perdu des employés de talent, recrutés par d'autres firmes de placement canadiennes et étrangères», est-il écrit dans le rapport annuel.

Ces nouvelles politiques font en sorte que le PDG peut toucher le même niveau de salaire que le 75e centile du marché de référence. Pour ses cinq premiers adjoints, ce rapport varie entre 52 % et 98 % du marché de référence.

Dans les autres principales caisses de retraite, la rémunération des PDG varie de 1 million à 6,4 millions de dollars. Par exemple, Claude Lamoureux, de Teachers, a touché 6,4 millions en 2006, Gordon J. Fyfe, d'Investissement PSP, 1 million, et Paul Haggis, de OMERS, 1,1 million.

La Caisse a largué Alcan et BCE

Le rapport annuel nous apprend que la Caisse a largué en 2006 deux des titres de l'heure, soit BCE et Alcan.

Au 31 décembre 2005, la Caisse détenait 8 millions d'actions d'Alcan. À la fin de 2006, l'institution n'avait plus que 5,7 millions d'actions de l'entreprise, soit 2,3 millions d'actions de moins, à un prix moyen de 56,90 $.

Autrement dit, la Caisse pourrait avoir manqué l'explosion du titre d'Alcan depuis l'offre d'Alcoa, lundi dernier.

Jeudi, Alcan changeait de main à 87,38 $, soit environ 30 $ de plus que le prix moyen des actions que détenait la Caisse au 31 décembre. L'institution pourrait donc avoir subi un manque à gagner de 60 millions de dollars au cours de la dernière semaine.

Pourrait, parce qu'il s'agit de l'état du portefeuille au 31 décembre dernier. Il est possible que la Caisse ait racheté (ou vendu) d'autres titres d'Alcan depuis, une information gardée confidentielle.

Ironiquement, la Caisse n'avait plus aucune action de BCE à la fin de 2006, elle qui s'apprête pourtant à acquérir une portion significative de l'entreprise avec d'autres caisses de retraite canadiennes et la firme KKR. À la fin de 2005, la Caisse détenait un peu plus de 890 000 actions d'une valeur de 24,8 millions de dollars.

Avec cette transaction, BCE ne serait plus inscrite en Bourse.

«La Caisse ferait la transaction comme un placement privé. Or, le marché boursier et le placement privé, ce sont deux choses. Le placement privé a une autre approche, avec des objectifs souvent à plus long terme», explique Lucie Frenière, porte-parole de la Caisse.

CGI, Jean Coutu

Par ailleurs, l'institution a vendu un bon nombre d'actions d'entreprises québécoises en 2006. Par exemple, elle n'avait plus que 14,6 millions d'actions de CGI au 31 décembre (118 millions de dollars), soit près de 10 millions d'actions de moins qu'à pareille date en 2005.

Même chose pour Jean Coutu, dont le nombre d'actions est passé de 12,7 millions à 7,8 millions. La valeur de cet investissement est ainsi passée de 178 millions de dollars à 107 millions.