Conrad Black est directement responsable du détournement de millions de dollars des coffres de Hollinger International vers les poches de certains des dirigeants de l'entreprise, a déclaré, mardi, son ancien lieutenant, David Radler.

Conrad Black est directement responsable du détournement de millions de dollars des coffres de Hollinger International vers les poches de certains des dirigeants de l'entreprise, a déclaré, mardi, son ancien lieutenant, David Radler.

Radler témoignait pour la deuxième journée dans le cadre du procès pour fraude et extorsion de son ancien associé et patron.

Plusieurs analystes estiment que son témoignage représente la meilleure chance qu'ont les avocats du gouvernement américain de convaincre le jury que Black et trois co-accusés ont profité d'ententes de non-concurrence relatives à la vente de journaux canadiens et américains pour voler l'argent des actionnaires de Hollinger International.

Radler a expliqué que Black l'a appelé après la conclusion d'une entente entre Hollinger International et l'américaine Community Newspaper Holdings (CNHI), en 1999, pour lui dire que la société mère canadienne, Hollinger Inc., avait droit à une partie des indemnités de non-concurrence découlant de cette transaction.

«Il m'a dit que (Hollinger) Inc. était la société mère et qu'en tant que société mère elle avait droit à une partie des paiements de 50 M$, a dit Radler. (Black) m'a dit que Inc. (...) avait droit à une partie des paiements de non-concurrence prévus dans l'entente avec CNHI et que 25 % des indemnités devraient être remises à Inc.»

Son témoignage vise à contrecarrer la stratégie des avocats de Black, qui cherchent à démontrer que toutes les malversations sont l'oeuvre de Radler.

Les deux hommes, qui étaient amis et partenaires d'affaires depuis 1969, ne se sont pas salués, mais Black a jeté un regard sévère à son ancien associé quand celui-ci a pris place à la barre.

Black a pris plusieurs notes et a fréquemment murmuré à l'oreille de ses avocats pendant le témoignage de Radler, qui de son côté paraissait plutôt détendu.

Radler a reconnu qu'il n'y avait «absolument aucune raison» de déplacer des fonds de Hollinger International vers Hollinger, et que les acheteurs de deux journaux américains n'avaient jamais demandé que des paiements soient faits à Hollinger Inc.

Il a ajouté avoir pris pour acquis que les fonds demeureraient dans les coffres de Hollinger International.

Radler a admis que Black et lui ont «probablement eu très peu» de discussions concernant l'impact qu'aurait sur les actionnaires de Hollinger International la distribution de ces fonds, mais a affirmé qu'ils étaient autorisés à le faire en autant que le tout soit approuvé par le comité de vérification.

«Je regrette de n'avoir rien dit», a lancé Radler.

Lundi, lors du début de son témoignage fort attendu, Radler a déclaré avoir consulté Black concernant toutes les décisions d'affaires importantes de l'entreprise et a répété son plaidoyer de culpabilité.

Radler a accepté de purger une peine de 29 mois de prison et d'acquitter une amende de 250 000 $ en échange de son témoignage contre Black.