Il faut beaucoup plus que quelques coups de ciseaux dans la tignasse pour dénicher un emploi. N'empêche. Une visite chez le coiffeur a parfois des effets presque magiques!

Il faut beaucoup plus que quelques coups de ciseaux dans la tignasse pour dénicher un emploi. N'empêche. Une visite chez le coiffeur a parfois des effets presque magiques!

En France, plus précisément à Vigneux-sur-Seine, dans l'Essone, un organisme communautaire a décidé d'aider les chercheur d'emploi autrement qu'en révisant leur curriculum vitae.

La Tête de l'emploi offre des coupes de cheveux, des mises en plis et des colorations à petit prix. Ceux qui utilisent ses services peuvent également se faire maquiller et magasiner dans sa friperie.

L'organisme veut ainsi aider les sans-emploi à faire bonne impression lors des «des cinq premières secondes qui comptent» dans les entrevues d'embauche ou lors de la distribution de CV.

Plus largement, La Tête de l'emploi s'efforce de redonner confiance à ceux qui l'ont perdue.

En mars 2006, Micheline, au chômage depuis trois ans, expliquait ainsi à une journaliste du magazine Terra Economica les motifs de sa visite à la Tête de l'emploi.

«Si je me présente bien, je serai bien dans ma peau. Et ça jouera en ma faveur. Dans le passé, j'ai moi-même participé à des recrutements: on prend toujours celui qui a l'air d'aller bien», disait-elle.

L'expression de soi

Cathy B. Couture, styliste-coiffeuse chez Orbite Coiffure, rue Laurier, reçoit régulièrement les remerciements vibrants de clients et de clientes lorsqu'ils quittent, radieux, le salon.

Ceux qui viennent de perdre leur emploi, ou qui sont absents du travail à cause d'un burn-out, sont parmi les plus reconnaissants. «Certains me remercient comme si je les avais fait revivre. La coupe semble leur avoir enlevé un poids. Ils respirent déjà mieux. C'est comme si je leur avais redonné confiance en eux», raconte-t-elle.

La styliste constate également que le visage de ses clients s'illumine pendant la coupe. «Je pense qu'en changeant leur look et en améliorant leur image, nous les aidons d'une certaine façon», dit-elle.

Judith Privé, une diplômée de HEC-Montréal, a longtemps oeuvré dans le monde bancaire avant de faire un changement de cap radical. Elle anime maintenant des conférences-ateliers pour les entreprises et les associations de femmes afin d'aider ces dernières à illuminer leur visage en fonction de leur mode de vie et des impératifs de leur emploi.

«Environ 50 % des femmes que je conseille souhaitent apprendre à faire correspondre leur image extérieure, au travail, à ce qu'elles sont intérieurement», dit-elle.

Mme Privé constate que la coiffure est l'une des voies principales de cette expression. «Dans le monde bancaire, par exemple, il est aujourd'hui permis de dévoiler son excentricité dans ses cheveux alors que le code vestimentaire demeure très classique», note-t-elle.

Selon elle, les recruteurs souhaitent même, pour certains postes, que la personnalité des candidats transparaisse dans leur apparence physique.

«Qu'est-ce qui distingue une banque d'une autre, sinon les caractéristiques individuelles de leurs employés ? Ces institutions ont donc intérêt à laisser à leur personnel une marge de folie dans leur image», soutient-elle.

Dans ses consultations, elle a également constaté que les travailleuses autonomes faisaient souvent preuve d'une plus grande audace que les salariées occupant des professions similaires.

«Les travailleuses autonomes ne sont pas soumises au moule corporatif. Elles peuvent entre autres imposer leur tenue vestimentaire à leurs clients», précise-t-elle.

Services à petit prix

Le réseau d'aide québécois aux chercheurs d'emploi ne compte aucun organisme similaire à La Tête de l'emploi. Par contre, l'utilisation des services des centres de formation professionnelle qui offrent des cours en coiffure peut procurer les mêmes résultats.

Au Centre Antoine-de-Saint-Exupéry, dans l'arrondissement Saint-Léonard, une coupe de cheveux coûte 5 $, une coloration 15 $ et des mèches 25 $. Ces services sont dispensés pendant les heures de classe par des apprentis coiffeurs supervisés par des professionnels d'expérience.

Francine Bazinet, enseignante en coiffure à Saint-Exupéry, connaît bien les vertus thérapeutiques des changements de tête. «Aller chez le coiffeur agit sur le moral et la confiance en soi. Quand on fait un changement de vie, on a besoin de se rassurer par un look qui nous stimule à aller plus loin», dit-elle.

Dans ses formations, Mme Bazinet apprend aux futurs coiffeurs à tenir compte des contraintes du travail et du mode de vie de leurs clients.

«Nos étudiants savent même créer des coupes qui peuvent, selon la manière de les peigner, sembler très classiques le jour et devenir très excentriques le soir et les fins de semaine», dit-elle.

Mme Bazinet serait ravie que les centres de formation professionnelle soient encore plus utilisés par les chercheurs d'emploi. «Nous ferions d'une pierre deux coups: aider à la formation de la relève en coiffure et aider des sans emploi à trouver du travail», dit-elle.