En 2003, Me William Rigutto, bien connu dans les milieux d'affaires de Montréal, a siphonné des dizaines de milliers de dollars appartenant à son client, le fabricant italien de câbles industriels Lesmo; puis il a rédigé une demi-douzaine de fausses factures pour expliquer pourquoi le compte de son client était à zéro; puis Me Rigutto a menti à son client en racontant que l'argent disparu de son compte en fidéicommis avait été caché par lui dans un fonds offshore à Hong-Kong, pour éluder une saisie.

En 2003, Me William Rigutto, bien connu dans les milieux d'affaires de Montréal, a siphonné des dizaines de milliers de dollars appartenant à son client, le fabricant italien de câbles industriels Lesmo; puis il a rédigé une demi-douzaine de fausses factures pour expliquer pourquoi le compte de son client était à zéro; puis Me Rigutto a menti à son client en racontant que l'argent disparu de son compte en fidéicommis avait été caché par lui dans un fonds offshore à Hong-Kong, pour éluder une saisie.

Et ça, c'était juste le début des problèmes, a affirmé hier Alvaro Piva, le président de Officine Meccaniche Di Lesmo, de Milan.

L'industriel italien a fait ces déclarations lors de son témoignage devant le Comité de discipline du Barreau du Québec, qui entend le dossier monté contre l'ex-avocat William Rigutto par le syndic adjoint Luc Lapierre.

M. Rigutto, qui ne s'est pas présenté à son audience, mardi, a démissionné du Barreau durant l'enquête du syndic, en mai 2005. Il demeure passible de sanctions pour ses actions alors qu'il était avocat.

M. Piva a raconté mardi que ses premiers contacts professionnels avec l'avocat Rigutto remontaient à 1996, quand Lesmo a ouvert une filiale au Canada pour faciliter ses exportations de machines servant à la fabrication de câbles d'acier.

Les choses se sont passées sans histoires jusqu'en 2002, quand M. Piva a décidé de congédier son directeur canadien, Willie Hauer et de racheter ses actions.

«Ça devait être un simple congédiement, mais c'est devenu une montagne, une catastrophe!» a dit M. Piva aux trois membres du comité de discipline. Au lieu de débarrasser Lesmo du dirigeant canadien, Me Rigutto lui «a donné un contrat d'agent exclusif, sans nous le dire, sans qu'on l'autorise.»

L'affaire a rebondi devant les tribunaux ontariens, où M. Hauer a obtenu haut la main un paiement de 225 000$ de Lesmo. Un compte bancaire de Lesmo a aussi été saisi, ce qui a obligé M. Piva à payer une partie de ses employés avec son argent personnel.

Une transaction avec un client américain a été prise dans l'affaire, quand plus de 301 500$ versés dans le fonds en fidéicommis de Me Rigutto ont commencé à s'évaporer.

Selon M. Piva, c'est le vérificateur comptable de Lesmo qui a découvert que le compte était à zéro et que Me Rigutto s'était servi dans le compte en faisant des fausses factures. De Milan, M. Piva a sauté sur le téléphone et appelé Me Rigutto: «Êtes-vous devenu fou?» a demandé l'industriel.

«Il m'a dit de ne pas m'inquiéter, que les factures étaient fausses, que c'était une stratégie pour protéger l'argent d'une saisie (par le directeur canadien si difficile à congédier), et que l'argent était caché dans un compte à Hong-Kong.» Selon M. Piva. Me Rigutto a promis de rembourser.

En fin de compte, 130 000$ n'ont jamais réapparu et Lesmo a obtenu un dédommagement de 87 000$ du Fonds de responsabilité professionnelle du Barreau.

Le syndic adjoint du Barreau, Me Lapierre, a demandé hier au comité de discipline d'imposer diverses sanctions ainsi qu'une ordonnance de remboursement de 48 400$.