Le président George W. Bush s'est refusé à laisser les constructeurs General Motors et Chrysler rouler vers la faillite. Il débloquera 13,4 milliards $ US pour les deux entreprises de Detroit, avec la possibilité d'une deuxième tranche de 4 milliards $ US en février.

Le président George W. Bush s'est refusé à laisser les constructeurs General Motors et Chrysler rouler vers la faillite. Il débloquera 13,4 milliards $ US pour les deux entreprises de Detroit, avec la possibilité d'une deuxième tranche de 4 milliards $ US en février.

GM met la main sur 9,4 milliards de liquidités bienvenues, les 4 milliards restants allant à Chrysler. Ces fonds devraient permettre aux deux entreprises, respectivement numéro un et numéro trois de l'industrie aux États-Unis, de pouvoir fonctionner normalement au moins jusqu'au mois de mars. Ford estime ne pas avoir besoin d'aide pour l'instant.

M. Bush tire ces milliards du plan de sauvetage de 700 milliards $ US voté en octobre par le Congrès, et prévu à l'origine pour les financières seules.

Rappelons que le Sénat, en raison de l'opposition d'une majorité de républicains, a bloqué la semaine dernière un plan de sauvetage préalablement approuvé par la Chambre des représentants pour sauver l'industrie de l'auto.

M. Bush a donc fait fi de l'opinion de plusieurs élus de son parti à Washington. 29 d'entre eux ont écrit une lettre au président mardi pour lui indiquer qu'un sauvetage ne fonctionnerait pas et que les contribuables ne pouvaient se le permettre.

«Au coeur d'une crise financière (...), permettre à l'industrie américaine de l'auto de s'effondrer n'est pas une avenue responsable.»

Plusieurs conditions

Mais le président, qui en est à ses dernières semaines de pouvoir, veut que les prêts du gouvernement permettent à l'industrie de se restructurer pour survivre plusieurs années encore. Les conditions sont nombreuses.

Les constructeurs devront entre autres réduire des deux tiers leur endettement par une conversion de la dette en capital.

Ils devront aussi éliminer la disposition qui permet aux salariés en chômage technique de recevoir leur salaire, et mettre en place des conventions qui permettent aux constructeurs de concurrencer les usines américaines des constructeurs étrangers d'ici au 31 décembre 2009.

Cela veut donc dire que les salaires devront être alignés sur ceux offerts par les constructeurs étrangers, beaucoup plus bas.

Le président des Travailleurs unis de l'automobile aux États-Unis, Ronald Gettelfinger, s'est immédiatement dit déçu que le président ajoute au plan des «conditions injustes qui isolent les travailleurs», espérant que la prochaine administration élimine ces clauses.

L'État américain met la main sur des bons de souscription en vue d'obtenir des actions préférentielles des entreprises. L'État aura aussi le pouvoir de bloquer les transactions supérieures à 100 millions $ US.

Le plan prévoit également une limitation des primes aux dirigeants et d'autres avantages comme l'utilisation de jets privés. Les sociétés secourues ne pourront pas non plus verser de dividendes tant que les prêts ne seront pas remboursés.

Le plan «va mener à un General Motors plus efficace et plus fort», lit-on dans un communiqué de l'entreprise. Le titre de GM a grimpé de 22,68 % hier à la Bourse de New York, pour clôturer à 4,49 $ US.

De son côté, le titre de Ford a clôturé à 2,95 $ US, en hausse de 3,87 %.

De son côté, le président du conseil et chef de la direction de Chrysler, Bob Nardelli, a remercié l'administration Bush et indique que la société s'engage à respecter les conditions de l'aide gouvernementale.

Mais tout n'est pas gagné. Les conditions sont telles, et le calendrier si serré, que la menace d'une faillite ne peut toujours pas être exclue, selon l'agence de notation Fitch Ratings.

Si GM et Chrysler ne peuvent démontrer leur viabilité au 31 mars 2009, elles devront rembourser immédiatement les milliards prêtés.

Obama salue le plan

Barack Obama, qui entrera à la Maison-Blanche en janvier, a salué l'initiative du président Bush. «Les constructeurs ne doivent pas gaspiller cette chance de changer les mauvaises habitudes de gestion, et commencer une restructuration à long terme», a-t-il déclaré par voie de communiqué.

Par ailleurs, le secrétaire au Trésor Henry Paulson va demander au Congrès de débloquer la seconde tranche de 350 milliards prévue au plan de sauvetage du système financier. Les mesures d'aide à l'industrie de l'auto sont venues compléter l'allocation de la première tranche.

Bloomberg et AFP