La tourmente économique est venue frapper Bombardier Produits récréatifs (BRP).

La tourmente économique est venue frapper Bombardier Produits récréatifs (BRP).

L'entreprise de Valcourt réduira sa production de 20% et éliminera 550 postes administratifs dans son réseau mondial. Elle procédera également à la mise à pied de 430 employés de production. Ces mises à pied s'ajouteront aux 370 mises à pied effectuées au cours de l'automne.

Environ la moitié des employés touchés sont à Valcourt.

«Nous devons nous doter d'un régime minceur, a déclaré le vice-président aux communications de BRP, Pierre Pichette, en entrevue téléphonique hier. Nous sommes toujours le leader dans nos marchés, mais ce qui change, c'est le cadre macroéconomique: la récession mondiale, la demande des consommateurs qui n'est plus là, la confiance, la disponibilité du crédit, ce sont tous ces facteurs qui sont venus nous frapper.»

En août dernier, BRP avait pris une série de décisions pour ajuster sa production aux conditions du marché. Elle avait notamment décidé de ne pas ajouter un deuxième quart pour la production de motomarines à Valcourt et de reporter l'implantation d'un deuxième quart pour la construction de véhicules tout-terrain au Mexique.

«Le mois d'octobre a été très lourd de conséquences, a soupiré M. Pichette hier. Nous devons encore réduire la cadence.»

Ce ne sont pas tous les produits qui seront touchés. Ainsi, le nouveau véhicule à trois roues Spyder évitera le couperet parce qu'il s'agit d'un produit encore en croissance. Les motoneiges ne sont pas touchées non plus parce que la production est terminée pour cette saison. Par contre, les motomarines, les moteurs hors-bord, les moteurs Rotax et les véhicules tout-terrain devront affronter la tempête.

La direction de BRP réévaluera la situation en février prochain, ce qui pourrait ouvrir la porte à d'autres réductions de la cadence de production, et donc d'autres mises à pied au niveau des cols bleus.

Du côté des cols blancs, l'élimination de 550 postes est essentiellement liée à une restructuration que l'entreprise entreprendra afin de réduire ses coûts. C'est ainsi que les filiales de moteurs BRP-Rotax et Moteurs hors-bord seront fondues dans une filiale «Motorisation», alors qu'une nouvelle filiale «Développement de véhicules et fabrication» regroupera la fabrication et l'ingénierie des produits de marque Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am.

Les activités de ventes et marketing seront regroupées dans d'autres filiales.

«Les usines (au Québec, aux États-Unis, en Autriche, au Mexique et en Chine) demeureront, mais c'est tout l'appareil administratif qui sera fusionné, intégré, a indiqué M. Pichette. Il faudra alors éviter les dédoublements.»

Il y aura donc des postes de haute direction, de soutien administratif, de finance, d'ingénierie, de ventes et de marketing qui disparaîtront. Environ 40% de ces emplois seront perdus à Valcourt.

La moitié des 6500 employés de BRP travaillent à Valcourt. Il s'agit d'ailleurs du principal employeur de la municipalité. Plusieurs fournisseurs qui subiront les contrecoups de la réduction de la production sont également établis dans la région.

«C'est une mauvaise nouvelle pour l'ensemble de la communauté, a déploré le maire de Valcourt, Laurian Gagné, lui-même un ancien employé de BRP. Il va falloir composer avec la situation mondiale.»

Il a toutefois tenu à voir un aspect positif à la nouvelle.

«La direction a pris une décision difficile, mais responsable pour assurer le maintien de l'entreprise, a-t-il affirmé en entrevue téléphonique. Valcourt a déjà vécu des situations similaires, peut-être pas aussi drastiques, et elle s'en est toujours relevée.»

Il y a quelques semaines, l'agence de notation Standard&Poor's a abaissé la cote de solvabilité de BRP de «B+» à «B» en invoquant un «contexte économique très difficile».

C'est en décembre 2003 que Bombardier inc. a vendu Bombardier Produits récréatifs à la société américaine Bain Capital (50%), la famille Bombardier (35%) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (15%).