Sylvie Loiseau était agente de tourisme chez un grossiste de voyages à Montréal. Son mari étant cuisinier, elle a eu l'idée d'ouvrir un commerce d'alimentation. Mais comment faire quand ni l'un ni l'autre n'a de connaissances en entreprenariat ?

Sylvie Loiseau était agente de tourisme chez un grossiste de voyages à Montréal. Son mari étant cuisinier, elle a eu l'idée d'ouvrir un commerce d'alimentation. Mais comment faire quand ni l'un ni l'autre n'a de connaissances en entreprenariat ?

«On ne voulait plus travailler pour les autres mais on ne savait pas trop par où commencer, dit Mme Loiseau. Je suis allée sur Internet en tapant «démarrer son entreprise» et après des heures de recherches, j'ai trouvé l'adresse du SAJE.»

Après avoir démissionné de son emploi, elle s'est inscrite à ce Service d'aide aux jeunes entrepreneurs (SAJE), un organisme public qui, depuis une vingtaine d'années, aide les nouveaux entrepreneurs à démarrer une entreprise et à en maîtriser la croissance.

Financé par la Ville de Montréal, Emploi-Québec et deux commissions scolaires, le SAJE Montréal-Métro a permis à Mme Loiseau de suivre 12 semaines de formation, à raison de six heures par semaine, afin qu'elle apprenne à préparer un plan d'affaires. Tout ça pour 150 $...

«Les futurs entrepreneurs travaillent directement sur leur plan d'affaires durant le cours, explique Nawal Hanani, conseillère en gestion et orientation au SAJE Montréal-Métro. Ce n'est donc pas un cours théorique mais un atelier axé sur leur projet et durant lequel ils rédigent leur plan d'affaires tout en étant encadrés par un formateur.»

Chaque mois, trois groupes d'une vingtaine d'apprentis entrepreneurs sont formés par le SAJE Montréal-Métro, deux groupes de jour et un groupe de soir. Après les 12 semaines de formation, ils ont droit à un suivi durant huit semaines supplémentaires.

«Mais tout le monde ne réussit pas, précise Mme Hanani. On reçoit une clientèle très diversifiée. Certains ont un profil universitaire, d'autres n'ont que leur secondaire. C'est pourquoi, avant la formation, on organise un atelier de validation de leur plan pendant trois heures. Durant cet atelier, on aide la personne à se positionner, on évalue son expérience et notamment si son profil correspond au projet.»

Parfois, le SAJE conseille au candidat d'aller chercher une autre expérience avant de suivre la formation mais parfois, même si l'expérience n'est pas suffisante, la conviction de la personne peut suffire. « Des gens n'ont souvent pas le profil nécessaire mais comme ils ont beaucoup de motivation, cela peut compenser, dit Nawal Hanani. Et parfois, il faut aussi tenir compte du fait qu'ils peuvent s'associer à un partenaire qui, lui, a le bon profil.»

Sylvie Loiseau s'est ainsi aperçue en suivant sa formation que lorsqu'on a un projet, il faut travailler fort mais aussi prendre son temps et ne pas brûler les étapes. «Le plan d'affaires te permet aussi de changer des choses, dit-elle. Tu t'aperçois que ton plan a des failles et que tu dois les colmater.»

Elle s'est ainsi aperçue que sa faille, c'était la recherche du local. Pour ouvrir un commerce de traiteur, il fallait trouver une rue commerçante. «On avait besoin de l'infrastructure d'un restaurant mais aussi d'une rue commerçante. On s'est donc aperçu que ce serait plus simple d'ouvrir un restaurant de cuisine française créative et de voir plus tard pour un traiteur éventuellement.»

Après un an de recherche, ils ont trouvé un local dans le quartier Centre-Sud, rue Ontario Est, près de la rue Amherst. «On avait cherché dans plusieurs quartiers car on voulait un bon prix et un bon bail, dit-elle. Il n'était pas question qu'on paie un loyer de 20 000 $ par mois!»

Le loyer était raisonnable et ce quartier est en train de se transformer. L'ouverture du restaurant Carte Blanche a eu lieu en août 2006. Depuis, le bouche-à-oreille fonctionne. Des politiciens et des artistes du show-biz et des communications le fréquentent assidûment.

L'entreprise est un succès. André Loiseau s'occupe de la cuisine et sa femme de la gestion, des commandes, du marketing, de la comptabilité. «La formation ne te donne pas seulement des informations sur le plan d'affaires mais aussi sur le crédit, tes relations avec les banques, dit Mme Loiseau. On t'apprend par exemple à aller chercher ton dossier à Equifax et seulement ensuite de magasiner ton prêt bancaire.»

Forte de cette expérience, elle a maintenant bien du plaisir à gérer son restaurant pour lequel elle s'occupe aussi des vins et du service!

«Pour moi, le service est important, dit-elle. Je ne veux pas de porteurs d'assiettes. Je veux un serveur qui sait servir et est capable d'aider une cliente à remettre son manteau. Gérer le restaurant et s'assurer d'un bon service est indissociable car il faut un côté humain et en même temps demeurer responsable dans la façon de mener son affaire.»