Décidemment, ça joue dur dans l'industrie de l'acier.

Décidemment, ça joue dur dans l'industrie de l'acier.

Depuis un an, les géants européens Arcelor Mittal et ThyssenKrupp se battent sur deux continents pour le contrôle de Dofasco, le plus grand producteur d'acier au Canada.

La société de Hamilton détient notamment 98,7% des actions de la Compagnie minière Québec-Cartier, qui possède des usines d'acier à Mont-Wright et Port-Cartier, sur la Côte-Nord.

Mardi, la société allemande ThyssenKrupp a perdu patience: elle a déposé une demande en justice contre Arcelor Mittal aux Pays-Bas. Elle exige que la société néerlandaise tienne sa parole et lui vende Dofasco.

Pas ses premiers démêlés

L'aciérie canadienne n'en est pas à ses premiers démêlés judiciaires cette année.

Elle est au coeur d'un litige aux États-Unis, où le ministère de la Justice exige sa vente avant le 28 janvier prochain afin de maintenir une saine concurrence dans le marché de l'acier.

La bataille de l'acier a commencé en janvier dernier quand Arcelor a coiffé ThyssenKrupp au fil d'arrivée pour acheter Dofasco, alors une société inscrite en Bourse.

Arcelor, une société luxembourgeoise, avait offert 5,5 milliards CAN, ou 71$ par action. ThyssenKrupp avait retiré ses billes à 68$ par action. Arcelor n'allait pas célébrer sa victoire très longtemps.

Quelques jours plus tard, la société luxembourgeoise faisait face à une offre publique d'achat (OPA) non sollicitée de la part de son concurrent néerlandais Mittal Steel.

La valeur de l'OPA: 35 milliards US. Au bout de cinq mois, le PDG d'Arcelor s'avoua vaincu.

Les deux sociétés sont parvenues à une entente le 25 juin dernier. Ainsi est né le géant incontesté de la sidérurgie mondiale: Arcelor Mittal, dont le chiffre d'affaires (estimé à 84 milliards CAN par année) sera trois fois supérieur à celui de son plus proche concurrent quand le mariage sera officiellement consommé au deuxième trimestre de 2007.

Et Dofasco dans cette histoire de fusions et d'acquisitions? Mittal Steel avait promis par lettre d'entente à ThyssenKrupp de lui vendre l'aciérie canadienne en cas de fusion réussie avec Arcelor. Rusée, Arcelor a placé Dofasco sous le contrôle d'une fiducies néerlandaise, Strategic Steel Stichting, durant le processus d'offre publique d'achat non sollicitée. Strategic Steel Stichting détient maintenant 89% des actions de Dofasco et refuse de les rendre malgré les demandes des conseils d'administration d'Arcelor et de Mittal Steel.

Hier, ThyssenKrupp a convié Mittal Steel en justice devant un tribunal du district de Rotterdam. Elle exige que Mittal Steel force la fiducies Strategic Steel Stichting à lui restituer les actions de Dofasco. Arcelor Mittal les vendra ensuite comme convenu à ThyssenKrupp, au prix de 68 $CAN l'action. "ThyssenKrupp explorera toutes les possibilités qui pourraient mener à la vente de Dofasco à ThyssenKrupp", a dit le porte-parole de la société allemande, Jurgen Claassen, par voie de communiqué.

Mittal Steel n'est pas du même avis. "La demande de ThyssenKrupp est sans aucun fondement, a déclaré Simon Evans, directeur juridique de Mittal Steel, par voie de communiqué.

Mittal Steel est très surpris et déçu que ThyssenKrupp ait engagé cette procédure judiciaire, étant donné que Mittal Steel a entrepris toutes les actions raisonnables pour honorer ses engagements et obtenir la dissolution de la Stichting. En outre, sur base des échanges en cours, ThyssenKrupp a connaissance du fait qu'aucune décision définitive n'a encore été prise, ni par Mittal Steel ni par Arcelor, concernant un possible contentieux contre la Stichting."

Le sort de Dofasco n'est pas seulement entre les mains de la justice néerlandaise. Alléguant le droit à une saine concurrence dans le marché de la sidérurgie, le ministère américain de la Justice a ordonné la vente de Dofasco avant le 28 janvier prochain. Arcelor Mittal pourrait toutefois garder Dofasco si la société néerlandaise acceptait de se départir de son usine de Sparrows Point, près de Baltimore, ou de son usine de Weirton, en Virginie.

Dofasco a enregistré un bénéfice net consolidé de 125,5 millions $CAN, ou 1,60$ par action, pour les neuf premiers mois de 2006.

Il s'agit d'une baisse de 17,1 millions par rapport à la même période l'an dernier. Dofasco n'a pas répondu hier aux appels de La Presse Affaires.