Goldman Sachs Group et Morgan Stanley, les géants de Wall Street qui vendent de tout, des actions et obligations jusqu'à des logiciels de l'analyse de risques en passant par des fonds spéculatifs, une industrie en plein essor, pourraient être les plus grands gagnants après la débâcle d'Amaranth Advisors. Celle-ci a annoncé avoir perdu 6 milliards US lors de transactions sur le gaz naturel.

Goldman Sachs Group et Morgan Stanley, les géants de Wall Street qui vendent de tout, des actions et obligations jusqu'à des logiciels de l'analyse de risques en passant par des fonds spéculatifs, une industrie en plein essor, pourraient être les plus grands gagnants après la débâcle d'Amaranth Advisors. Celle-ci a annoncé avoir perdu 6 milliards US lors de transactions sur le gaz naturel.

Amaranth, cette firme de Greenwich, au Connecticut, qui a vu plus de 60 % de ses actifs disparaître en fumée ce mois-ci, a connu une déroute qui, jusqu'à présent, n'a perturbé aucun marché ni empêché celles que l'on appelle les maisons de courtage de premier ordre de profiter d'aubaines de la part de gagnants et de perdants cette année.

Les firmes de courtage sont en voie de récolter environ 8 milliards US en commissions tirées du 1,2 billion US en fonds de capitaux pour la plupart non enregistrés qui permettent aux gestionnaires de participer à grande échelle aux gains ou aux pertes des sommes investies. Ce sont Goldman Sachs et Morgan Stanley qui recueilleront le plus de commissions, de même que des tuyaux sur le marché, grâce à leur prestation de services aux fonds spéculatifs, selon Celent LLC. Il s'agit d'une firme de Boston fondée en 1999 qui fournit de l'analyse et des conseils aux compagnies de services financiers.

" Il semble qu'il n'y ait pas eu de retombées négatives pour les firmes de courtage de premier ordre ", estime Michael Holland, qui participe à la gestion de 4 milliards US chez Holland & Co., à New York. L'affaire Amaranth " rend ces entreprises beaucoup plus attrayantes que moins attrayantes ", ajoute-t-il.

Ce n'était pas aussi apparent il y a huit ans lors que Long-Term Capital Management s'est effondré en raison de transactions fâcheuses après que les banques eurent permis au fonds spéculatif de tirer parti de son capital de 2,3 milliards US dans un portefeuille de valeurs d'environ 125 milliards US. La Réserve fédérale de New York organisa alors un renflouement de 4 milliards US et les responsables de la réglementation pressèrent Wall Street de limiter les prêts et de surveiller les risques que ses clients prenaient.

Pas de retombée négative

Il en résulte qu'il n'y aura pas de retombée négative de l'aventure Amaranth, dont le fondateur Nicholas Maounis insiste pour dire que sa firme va demeurer solvable.

Amaranth a emprunté 4,50 $ US pour chaque dollar de son propre actif parié, selon des documents distribués aux investisseurs. Par comparaison, Long-Term Capital avait emprunté environ 25 $ US pour chaque dollar en valeur avant de commencer à perdre de l'argent.

Dans une lettre adressée aux investisseurs jeudi dernier, M. Maounis, 43 ans, a précisé que la firme avait été en mesure de respecter ses appels de marge, ce qui signifie que les dépôts n'avaient pas chuté sous le niveau minimum pour couvrir ses paris.

" Les contrôles et la compréhension sont bien meilleurs qu'il y a 10 ans ", soutient Thomas Tesauro, un patron de Citigroup, de New York, qui est en concurrence avec Morgan Stanley et Goldman Sachs.

Les perdants

Les perdants sont les institutions qui ont investi dans les fonds de Amaranth. Parmi celles-ci on compte Union Bancaire Privée, de Genève, en Suisse, la caisse de retraite du Comté de San Diego, Max Re Capital, un assureur dont le siège est aux Bermudes, Arden Asset Management, de New York, et la caisse de retraite de la société 3M Co., le fabricant des Post-It Notes.

Des fonds gérés par Goldman Sachs, Morgan Stanley, le Groupe Crédit Suisse et Deutsche Bank avaient aussi investi chez Amaranth.

Les courtiers de premier ordre, qui ont non seulement consenti les prêts, mais qui se sont aussi occupé des transactions, ont contribué à prévenir la contagion au-delà des marchés des produits de base en transférant des positions de Amaranth sur d'autres actifs, indique Larry Liebowitz, un responsable de UBS AG, à Stamford, au Connecticut.

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