Trois milliards de dollars chez Alcan. Plus de deux milliards chez Bombardier et chez BCE. Quelque 874 millions à l'Abitibi-Consolidated...

Trois milliards de dollars chez Alcan. Plus de deux milliards chez Bombardier et chez BCE. Quelque 874 millions à l'Abitibi-Consolidated...

Des grandes entreprises montréalaises dominent la liste des plus gros déficits de régimes de retraite au Canada, selon un relevé de l'agence financière Moody's.

Cette liste comprend aussi l'imprimeur Quebecor World, avec un déficit de 518 millions, et la papetière Domtar, à hauteur de 282 millions.

Toutefois, selon Moody's, ces entreprises montréalaises ne sont pas seules dans le milieu d'affaires canadien, ni les pires parmi leurs semblables dans les principales économies du monde.

N'empêche, l'agence d'évaluation financière souligne que la taille de ces déficits de régimes de retraite - une situation qui a motivé des changements législatifs à Ottawa et Québec - risque de peser de plus en plus lourd dans le bilan de ces entreprises.

"Ça justifie d'agiter le drapeau rouge à propos du comblement de ces déficits de caisses de retraite et de leur impact sur les flux financiers futurs de ces entreprises", selon l'analyste Wayton Iserhoof, du bureau torontois de Moody's Investors Service.

Au Canada, cette firme de réputation internationale surveille quelque 300 entreprises et entités gouvernementales qui se financent en émettant des valeurs mobilières.

Parmi les entreprises en particulier, Moody's a décidé de revoir sa manière de jauger les déficits des régimes de retraite parmi le passif de ces sociétés.

La raison? L'agence rappelle que ces déficits ont crû considérablement ces dernières années.

C'est le résultat de revers des placements boursiers des gestionnaires de régimes de retraite, surtout en 2001 et 2002.

Mais aussi des "congés" de cotisation dont se sont prévalus de nombreuses entreprises afin d'alléger leurs débours financiers à court terme.

Par ailleurs, note Moody's, alors que des gouvernements changent leurs lois afin d'inciter les entreprises à combler les déficits de leurs régimes de retraite, les autorités comptables aux États-Unis et au Canada s'apprêtent à les obliger à inscrire ces déficits dans le passif financier à leur bilan, au même titre que leurs dettes.

"Ces changements favoriseront une meilleure divulgation des risques financiers des entreprises, de façon plus accessible pour tous leurs fournisseurs financiers et leurs investisseurs", a indiqué M. Iserhoff, lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

Selon les données de la Régie des rentes et de firmes privés d'actuaires-conseils, les trois quarts des 973 régimes répertoriés au Québec sont déficitaires.

Ces régimes de retraite cumulent un actif d'environ 70 milliards et concernent un million de travailleurs cotisants et de retraités bénéficiaires

En Ontario, le gouvernement provincial vient de lancer des consultations qui devraient mener en 2008 à une modernisation de sa législation des régimes de retraite, inchangée depuis 20 ans.

Le problème des déficits des régimes de retraite a pris de l'ampleur en Ontario depuis que le plus gros d'entre eux, Teachers, a divulgué il y a quelques mois que son déficit actuariel avait grossi de 10 milliards depuis un an, malgré le rendement avantageux de ses investissements.

Selon le ministère ontarien des Finances, on recense quelque 7500 régimes de retraite en Ontario, qui impliquent plus de deux millions de travailleurs et retraités.