Conrad Black a dit croire «qu'aucun jury au monde» ne saurait le trouver coupable après la fin, jeudi, du témoignage de son ancien lieutenant, David Radler, le témoin vedette de la poursuite.

Conrad Black a dit croire «qu'aucun jury au monde» ne saurait le trouver coupable après la fin, jeudi, du témoignage de son ancien lieutenant, David Radler, le témoin vedette de la poursuite.

Les avocats de la défense ont passé plusieurs jours à traiter Radler, qui témoignait contre Black en retour d'une peine réduite, de menteur, et ont laissé entendre qu'il ne s'était retourné contre son ancien patron que pour sauver sa peau.

«Je crois qu'il (Radler) n'a aucun crédibilité, a dit Black jeudi, à l'extérieur du tribunal de Chicago. Je pense qu'aucun jury au monde ne saurait me condamner en se fiant à ce qu'il a dit. Je répète ce que je vous dis depuis longtemps, à savoir que ce n'est pas une cause criminelle ü sauf peut-être contre lui.»

Un avocat de la défense a soutenu, jeudi, que Radler aurait écopé d'une peine de 71 mois de prison s'il n'avait pas impliqué l'ex-baron de la presse dans des manoeuvres frauduleuses.

Ron Safer, qui représente Mark Kipnis, un des coaccusés, a affirmé qu'en plaidant coupable, Radler était passible d'une peine allant de 57 à 71 mois, selon les prescriptions américaines.

Cette sentence a été réduite à un maximum de 29 mois après que Radler eut identifié Black comme l'organisateur d'un stratagème frauduleux pour détourner des millions de dollars dont auraient dû profiter les actionnaires de Hollinger.

«Vous compreniez que si on déterminait que vous aviez organisé ou dirigé une activité criminelle, vous risquiez d'écoper d'une peine beaucoup plus lourde, a dit Me Shafer. Vous vous êtes entendu avec le gouvernement pour une peine de 29 mois ü mais vous n'obtiendrez ces 29 mois que si la poursuite en fait la demande au juge.»

Radler s'est montré à la fois nerveux et contrarié, lançant des regards soucieux aux jurés, soupirant et hochant la tête.

«Je dois avouer que oui», a-t-il finalement laissé tomber à voix basse.

Il a toutefois insisté sur le fait qu'il a dit la vérité pendant son témoignage mais a reconnu que, si d'autres n'avaient pas été accusés relativement à cette affaire, il aurait dû «subir un procès».

«Vous ne feriez rien pour mettre en péril votre entente, a dit Me Safer à Radler, tout en lui reprochant de ne répéter que les faits qui lui ont été fournis par le gouvernement. Si vous faites ça, vous sortirez (de prison) dans six mois.»

Les jurés, qui ont fréquemment paru distraits pendant le procès, ont toutefois suivi ces échanges de près, se tournant dans leurs chaises pour fixer Radler du regard.

Après que le jury eut quitté la salle pour l'heure du déjeuner, la juge Amy St.Eve a autorisé la poursuite à demander au prochain témoin ü Jonathan Rosenberg, un avocat du comité spécial de Hollinger International - si des informations erronées ont été transmises aux actionnaires de l'entreprise.

La poursuite ne pourra toutefois pas demander qui a fourni cette information ou insinuer qu'il s'agissait d'un mensonge.