Cinq ans après le 11 septembre 2001, les deux tiers des postes frontaliers entre le Canada et les États-Unis ne possèdent toujours pas de connexion Internet haute vitesse. Une situation " inacceptable " aux yeux du président et chef de la direction de BCE, Michael Sabia, qui s'inquiète pour les exportateurs canadiens.

Cinq ans après le 11 septembre 2001, les deux tiers des postes frontaliers entre le Canada et les États-Unis ne possèdent toujours pas de connexion Internet haute vitesse. Une situation " inacceptable " aux yeux du président et chef de la direction de BCE, Michael Sabia, qui s'inquiète pour les exportateurs canadiens.

Devant le Cercle canadien de Montréal, M. Sabia a posé un constat, hier: nos frontières ne sont plus équipées pour faire face aux " exigences de plus en plus contraignantes " de nos voisins du Sud. " La priorité des États-Unis est de se protéger contre les terroristes, et non de s'ouvrir au commerce ", a noté M. Sabia.

Les conséquences, ce sont les exportateurs canadiens qui les subissent. Les retards dus aux contrôles de plus en plus pointilleux leur ont coûté des centaines de millions de dollars l'an dernier seulement, une épine dans le pied qui tombe à un bien mauvais moment alors qu'ils doivent affronter la nouvelle concurrence made in China.

Les Américains, eux, ont le beau jeu. " Ils ont beaucoup moins à perdre que nous des mesures de sécurité qu'ils prennent, puisque leurs exportations au Canada ne représentent que 2 % de leur PIB (produit intérieur brut ) ", a-t-il dit, rappelant qu'ici, ce sont 84 % des exportations qui prennent le chemin de la frontière canado américaine.

Or, selon M. Sabia, il y a un moyen de concilier les exigences des Américains et les besoins de rapidité de nos exportateurs: faire entrer nos frontières dans l'ère technologique. Des systèmes d'identification par radiofréquences pour le contrôle des marchandises aux " systèmes de transport intelligents qui vérifient et authentifient instantanément les personnes et les documents ", M. Sabia prône une " frontière numérique ", dotée de la vitesse et de la capacité nécessaires au " commerce moderne ".

" Ce n'est pas acceptable, a-t-il martelé hier en parlant de la situation actuelle. Ce n'est pas acceptable pour notre industrie touristique, qui constate une diminution très marquée du nombre de visiteurs américains. Ce n'est pas acceptable pour les entreprises canadiennes, qui doivent assurer une livraison juste à temps de leurs produits et services. (...) Et ce n'est pas suffisant pour les dizaines de milliers de camions qui entrent aux États-Unis chaque année. "

Pour le président de BCE, le coût de ces mesures est un mal devenu nécessaire. " La sécurité fait maintenant inextricablement partie de l'équation de la compétitivité. C'est le prix que nous devons payer pour continuer à accéder au marché le plus riche du monde. "

Sans compter que déployer un arsenal technologique entre les deux pays aurait tout pour flatter les Américains dans le sens du poil. " En même temps, cela enverrait un message très clair à nos partenaires américains sur l'engagement du Canada à l'égard de la sécurité, dans un monde qui a vécu le 11 septembre 2001 ", croit M. Sabia.

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