Imaginez-vous dans la peau d'un homme d'affaires québécois prospère. Pour vous distraire, vous achetez un club de hockey de la LNH établi aux États-Unis et cherchez à le transférer dans votre patelin, Joliette.

Imaginez-vous dans la peau d'un homme d'affaires québécois prospère. Pour vous distraire, vous achetez un club de hockey de la LNH établi aux États-Unis et cherchez à le transférer dans votre patelin, Joliette.

Mais il y a un gros problème: le Canadien de Montréal compte vous interdire ce déménagement, en vertu des règles de la LNH, puisque Joliette est situé à moins de 80 kilomètres de Montréal.

Scénario utopique? C'est pourtant ce qui risque de se passer dans la province voisine, en Ontario, où le vendeur de BlackBerry, Jim Balsillie, veut établir un troisième club de la LNH.

Mercredi, un quotidien torontois affirmait même que le Bureau de la concurrence du Canada veut mettre son nez dans les affaires de la LNH, s'interrogeant sur la possibilité que ses règles enfreignent la Loi sur la concurrence.

Rappelons les faits. Le co-PDG de Research in Motion [[|ticker sym='T.RIM'|]], Jim Balsillie, est en train d'acheter les Predators de Nashville. La semaine dernière, il a signé une lettre d'entente pour mettre la main sur le club, moyennant 220 M$ US.

C'est connu, le milliardaire de 46 ans aimerait bien déménager les Predators à Hamilton, en Ontario. À Nashville, une contrée sans neige du Sud des États-Unis, les assistances sont anémiques.

Au Canada, par contre, les arénas sont pleins à craquer et la région de Hamilton, qui rêve d'avoir son club, compte plus de 700 000 habitants (25 fois plus que Joliette), soit bien assez pour rentabiliser l'investissement.

Qui plus est, le principal aréna de la ville, Hamilton Copps Coliseum, a accepté de négocier une entente exclusive pour louer à l'entreprise de Jim Balsillie son édifice de 17 000 sièges.

Mais il y a un hic. Les règles de la LNH interdisent à un nouveau club de s'établir à moins de 50 milles (80 km) d'un autre, à moins d'avoir son consentement. Le but est d'empêcher que la nouvelle franchise fasse des revenus au détriment d'une autre.

Deux clubs auraient ainsi un droit de veto face au déménagement à Hamilton: les Sabres de Buffalo, mais surtout les Maple Leafs de Toronto.

Pour avoir leur assentiment, Jim Balsillie devra probablement allonger les millions de dollars, comme l'ont fait les Ducks d'Anaheim pour s'établir près des Kings de Los Angeles, en 1993. L'affaire s'était conclue par un versement de 25 millions US sur 10 ans aux Kings.

Mais Jim Balsillie est rusé. Il y a tout lieu de croire que c'est lui-même qui a alerté le Bureau de la concurrence, dont les enquêtes sont entamées après le dépôt d'une plainte.

Une intervention favorable du chien de garde de la concurrence éviterait à Balsillie de verser les lourds dédommagements prévus aux Maple Leafs. Et lui permettrait de se payer ainsi un joueur-vedette de plus pour battre ses futurs adversaires.

Essentiellement, les règles territoriales donnant un veto à certains clubs pourraient s'apparenter à un cartel, c'est-à-dire à une entente entre certaines entreprises pour restreindre l'accès à un marché ou contrôler la concurrence.

Selon le quotidien torontois, le Bureau de la concurrence s'était penché sur la question à l'été 2006, mais a fermé le dossier en décembre, ce qui coïncide avec le retrait de Balsillie du dossier d'acquisitions des Penguins de Pittsburgh.

Alors, les paris sont ouverts sur le gagnant de cette bataille: les Predators ou les Maple Leafs?