Le dollar canadien s'est hissé vendredi à un nouveau sommet de 30 ans après que le premier ministre Stephen Harper eut soutenu que l'appréciation du huard reflète l'amélioration de l'économie.

Le dollar canadien s'est hissé vendredi à un nouveau sommet de 30 ans après que le premier ministre Stephen Harper eut soutenu que l'appréciation du huard reflète l'amélioration de l'économie.

«La hausse du dollar canadien est un reflet de la vigueur sous-jacente de l'économie canadienne», a indiqué M. Harper, 48 ans, lors d'une entrevue avec Bloomberg tard jeudi.

Selon lui, faire obstacle à l'appréciation de la devise pour sauver des emplois dans le secteur manufacturier serait une «énorme erreur».

Le huard a gagné 9,7% par rapport au dollar américain cette année, meilleure performance, après celle du real brésilien, parmi les 16 devises les plus échangées dans le monde.

Les investisseurs font le pari que la Banque du Canada majorera les coûts d'emprunt, qui s'établissent maintenant à 4,25%, tandis que la Federal Reserve américaine (FED) maintient son taux directeur à 5,25%.

La devise canadienne a également profité des prix plus élevés des exportations de produits de base, y compris le pétrole brut.

«Les gens manifestent un fort appétit pour les dollars canadiens en ce moment», constate Dustin Reid, stratège principale en matière de devises de ABN Amro, à Chicago.

«Le portrait est reluisant au Canada même et la Banque du Canada semble disposée à reprendre son cycle de hausses des taux d'intérêt dès juillet», ajoute-t-il.

Vendredi, dans la matinée, le huard avait grimpé à 94,31 cents US, un sommet depuis le 19 juillet 1977. Le dollar a terminé la journée à 94,22 cents US, un gain de 0,73. Un dollar américain achète 1,06 $ CA.

La «zone de confort»

Les négociants ont acheté des dollars canadiens après qu'un rapport du gouvernement américain eut montré qu'une mesure de l'inflation que préfère la Fed avait baissé au niveau de ce que les décideurs appellent leur «zone de confort».

La différence de rendement entre les obligations de deux ans du Canada et des États-Unis, qui sont sensibles aux changements de taux d'intérêt, était de 35 points de base vendredi, ou 0,35%, comparativement à 33 points de base jeudi et à 47 points de base le 1er mai dernier.

Cet écart est près du plus mince observé depuis janvier 2005.

Le Canada vend 80% de ses exportations aux États-Unis.

Le taux de rendement de l'obligation canadienne de référence de 10 ans échéant en juin 2016 a grimpé de trois points de base à 4,52%, un sommet de 11 mois. Les prix, qui évoluent en sens contraire du rendement, ont baissé de 23 cents à 96,21 $ CA.

L'obligation de 10 ans présente un taux de rendement de 9 points de base inférieurs à l'obligation de deux ans, ce qui crée une courbe des intérêts inversée depuis le 3 mai.

En règle générale, les investisseurs demandent des primes de risque plus élevées pour des titres de dette de plus long terme.

Cadence vive

L'économie canadienne a crû à une cadence la plus vive en près de deux ans au cours du premier trimestre, soit à un taux annualisé de 3,7%, indiquait jeudi Statistique Canada.

Ce résultat est supérieur à la prévision de 3,5% de la Banque du Canada.

Vendredi, le taux de rendement des contrats à terme sur les acceptations bancaires de septembre a augmenté de quatre points de base à 4,77% à la Bourse de Montréal.

Ces contrats indiquent que les négociants sont presque certains que la Banque du Canada majorera le taux de prêts entre les banques d'au moins 25 points de base à 4,5%, par rapport au taux actuel de 4,25%, d'ici septembre prochain.

Les contrats présentaient un rendement de 4,44% au début de mai.