De tous les Canadiens, les Québécois sont encore les moins généreux quand il s'agit de faire un don de charité.

De tous les Canadiens, les Québécois sont encore les moins généreux quand il s'agit de faire un don de charité.

Selon une étude de Statistique Canada couvrant l'année 2005, le don médian au Québec se situe à 120$, deux fois moins que le don médian canadien.

Cela étant dit, les Québécois ont donné ensemble nettement davantage en 2005 qu'en 2004: 738 millions de dollars, en hausse de 8,6%. Mais encore là, cette augmentation est moindre que celle observée au Canada dans son ensemble. Au total, les Canadiens ont en effet donné 7,9 milliards, ce qui représente 13,8% de plus qu'en 2004.

Où est-on le plus généreux? Depuis 2000, cette palme revient au Nunavut, avec un don médian de 400$. Fait à noter, l'Alberta, avec son économie florissante, est sur une spectaculaire montée: en 2004, les citoyens de cette province ont fait des dons totalisant 1,1 milliard, en hausse de 21%.

Le piètre classement du Québec n'étonne pas. Année après année, il figure au bas du palmarès de Statistique Canada. Au fil des ans, maintes raisons ont été évoquées pour évoquer cette piètre performance: les Québécois sont particulièrement étranglés fiscalement, ils ont plus tendance à distribuer de petits dons à droite et à gauche sans qu'ils soient compilés statistiquement, ils font plus de bénévolat que les autres Canadiens (ce qu'infirment les données de Statistique Canada).

Linda Nadeau, qui travaille à la Fondation québécoise du cancer et qui est membre de l'Association canadienne des professionnels en dons planifiés, évoque une autre raison.

Comparativement aux autres Canadiens, les Québécois ont encore peu tendance à inscrire dans leurs testaments qu'ils souhaitent faire un don à un organisme de charité, alors que ce type de dons, quand il est fait, représente souvent des sommes plus substantielles que celles que l'on sort de son portefeuille à la petite semaine.

Les dons testamentaires délicats

"Les Québécois répondent massivement à des opérations d'urgence, poursuit Mme Nadeau. Des événements comme le déluge du Saguenay, c'est rassembleur. La planification, elle, est moins ancrée dans les moeurs au Québec, comme en témoigne le fait que seulement 45% des Québécois ont un REER malgré toutes les campagnes de promotions qui ont été faites."

Pour les organismes, il demeure encore délicat de solliciter des dons testamentaires.

"On peut difficilement se présenter à un donateur et lui demander d'emblée de ne pas nous oublier à son décès, dit Linda Nadeau. Il faut d'abord l'avoir fidélisé, et ensuite lui expliquer qu'un don testamentaire n'implique pas nécessairement des sommes pharamineuses. Avec 1000$ ou 2000$, on peut déjà faire beaucoup."

Christian Bolduc, président et chef de direction de Bolduc Nolet Primeau et Associés (un cabinet-conseil en collecte de fonds) constate pour sa part que la sollicitation de dons au Québec représente un défi particulier. Cependant, il a bon espoir que les choses changent bientôt.

"Il y a vingt ans, on ne voyait à peu près pas d'entrepreneurs francophones faire des dons d'envergure, alors que c'est de plus en plus le cas. Il ne faut pas oublier que le Québec inc., est encore bien jeune."

Des dons comme jamaisDon médian (en dollars)/ Don total (en millions) / Par rapport à 2004

Canada 240 / 7880 / +13,8%

Québec 120 / 739 / +8,6%

Ontario 300 / 3870 / +13%

T.-Neuve-et-Labrador 320 / 70 / +6,9%

Source: Statistique Canada